Avant d’être une femme, Frida Hyvonen est une artiste. De celles qui, l’air de rien, publient un premier album, Until death comes, simplement parfait, l’un des plus émouvants de ce début 2007.
Et ce concert donné au Centre Culturel de Suède vendredi soir, en catimini, rendrait presque cet article vulgaire tant la beauté des compositions piano solo de la suédoise se suffit à elle-même.
Fraîche et pimpante, Frida déroule toutes les compositions nostalgiques seule sur son piano. Troublant de voir une si belle jeune femme réciter sa tristesse de manière si joyeuse. Exit Tori Amos, Regina Spektor, Fiona Apple… LA femme au piano de l’année, c’est bien elle, Frida Hyvonen.
Les premiers accords de "Today Tuesday" s’égrènent sur le piano, et c’est un frisson collectif qui remplit la pièce, la Suède présente dans les yeux de chacun. Car Frida parvient comme peu d’artiste à suggérer des images à l’écoute de sa voix, forte et fragile, pleine de mélodies improbables, d’accords renversés et de chorus magnifiques. "Today Tuesday", ce sont les forets de Suède qui reviennent à l’esprit, le froid glacé de l’hiver. Frida Hyvonen, c’est un hiver sans fin, car il n’y a pas d’autres solutions.
"Jai composé cette chanson hier, je vous la rejoue de manière un peu plus smooth" lance Frida, avant d’entonner un ode à Paris, plein de second degré (La Tour Eiffel, Montmartre, ces clichés là) qui fait sourire la salle, car la dame avec ses airs de diva mutine, a déjà conquis l’assemblée. Puis elle introduit "The Modern", peut-être la meilleure chanson de l’album, de sa voix de viking à poitrine, forte mais sensuelle. Sexuelle en étant tendre. On est amoureux. Bien évidemment.
Même si la scénarisation dépouillée, le seul accompagnement au piano, font perdre un brin de richesse musicale, Frida Hyvonen remplit la pièce par sa voix, encore une fois incroyable, comme sur "Straight thin line", triste à en pleurer. Suivent les perles du nord, comme "I drive my friend", jouée de manière punk énervée, la belle rougissante semble ne plus tenir, elle exulte, sourit, et gueule dans le micro lui aussi amoureux de ce sosie poétique de Courtney Love... L’amour, on y revient encore.
Ce concert est une ode à la Suède, la meilleure des publicités pour ce pays mystique qu’on imagine de loin, et Frida Hyvonen est une reine de glace qu’on aimerait voir fondre entre ses mains. A recommander à tous ceux qui sont blasés par les concerts traditionnels. |