A quand remonte votre dernier concert punk ? Trop longtemps ? Avez-vous d’ailleurs déjà assisté à un concert punk ? Tout ça pour dire que le mien - de dernier concert punk - remonte à la semaine dernière.
L’endroit, à savoir le Point Ephémère, ne possédait pourtant aucunes prédispositions. Comme quoi, de tels évènements peuvent encore se dérouler à quelques pâtés d’immeubles de chez vous ... On a beau dire … Dans la conscience collective, les punks se voient souvent réduits à quelques groupes ayant ébranlé l’ordre établi des deux côtés de l’Atlantique voici une trentaine d’années.
Ainsi qu’à leurs héritiers musicaux ou à toute personne arborant leur look vestimentaire. Tout à fait réductrice, cette définition se focalise uniquement sur la forme en occultant le principal. A savoir le fond. En effet, l’adjectif punk désigne aussi mais surtout un état d’esprit, une mentalité. Par exemple, si Chirac s’était présenté aux présidentielle 2007 de manière à priver Sarko de second tour, il aurait à coup sûr figuré dans le peloton de tête des punks de l’année. Le tout sans la moindre épingle à nourrice. Ni dulcinée arborant bas résilles et cheveux peroxydés.
Qu’est ce qui mieux que sa liberté totale, son refus de la société ainsi que de toute forme d’héritage de celle-ci pourrait caractériser un punk ? Trêve de bavardages inutiles, et revenons-en à notre concert punk : The Blow suivi par Deerhoof.
Alors, The Blow dernière sensation anglaise à la mode ? Sensation oui, mais pas franchement là ou l’on l’imaginait … Derrière ce patronyme se cache une jeune femme un peu garçonne. Jean blanc, chemisier blanc, sans le moindre instrument, juste quelques boucles pour mettre en musique les passages chantés de sa prestation. Pour le moins déconcertant. Pas toujours convaincant mais en tout cas fort courageux. Et hautement respectable.
Place à maintenant à Deerhoof. Quelques premières parties de haute volée l’an passé (Radiohe a d …), pléthore d’articles dithyrambiques dans la presse spécialisée, autant dire que Deerhoof aborde cette nouvelle année avec le vent en poupe.
A tel point que le nombre de spectateurs a triplé depuis avril dernier, lors de leur troisième passage aux Instants Chavirés ; première date à Paris donc ce soir, comme s’amusera à le remarquer Greg Saunier en clôture du set …
Vu du fond, Satomi Matzukazi s’élève avec peine au dessus des premiers rangs. Accrochée à sa basse, la petite japonaise martèle ses cordes, sautille sur place quand elle ne délivre pas d’hilarants vocaux de sa voix de gamine délurée. De l’autre côté, les garçons assurent sévère. Au point de souvent reléguer le chant au second plan d’ailleurs.
Greg Saunier, le batteur, rassemble à lui tous les suffrages grâce à un jeu complexe, puissant et inventif à la fois. Loin de faire de la figuration, John Dieterich tire de sa six-cordes d’impressionnantes séries de riffs épileptiques comme si sa vie en dépendait. Le virage pop amorcé ces dernières années transpire peu sur une scène ne laissant transparaître que les aspects les plus foutraques de leur musique.
Impossible de ne pas penser à Laurence Wasser ou au Club des Chats du côté de chez nous pour ce côté musique cérébrale totalement déstructurée et instantanément jouissive ; une séance de génuflexion collective devant les californiens a même un temps été envisagée. Alors oui, histoire de boucler la boucle : définitivement, les Deerhoof furent punks. Punks car en marge de toute aspiration commerciale, de toute mode. Punks car résolument modernes, rejetant massivement toute forme de passéisme.
Mais punk surtout car libres, comme affranchis de toute contrainte. Libres d’insérer à leur guise des cassures rythmiques dans des titres d’apparence pop. Libres de se lancer dans une improvisation quand bon leur semble. Libres tout simplement. Tout autant que The Blow ! en première partie. |