Et si Clermont-Ferrand devenait au fil des années le nouveau vivier du rock français ? La Position Du Tireur Couché ou plus récemment les Elderberries en sont le plus parfait exemple. Pas mal pour un endroit d’où, vu de Paris, il ne se passe pas grand-chose. Ne pas oublier de mettre un post-it sur le frigo : se rencarder précisément auprès de Clément T et tenter d’infiltrer la scène locale lors du prochain retour aux sources familiales.
En ouverture de cet Inrocks Indie Club d’avril : The Kissinmas, comme de bien entendu originaires de la capitale auvergnate. Techniquement, certaines imperfections sautent aux oreilles mais les sept garçons laissent entrevoir un réel potentiel entre des compositions bien ficelées, souvent accrocheuses et une interprétation nerveuse de leur répertoire.
Place ensuite à The Immediate absolument incontournables dans la capitale avec quatre prestations en quelques semaines au compteur. A contre courant de toute mode, ce quatuor originaire de Dublin semble être la meilleure chose arrivée au rock depuis bien trop longtemps. En effet, aucune galette récente n’approche le niveau de leur premier méfait : In Tower And Clouds paru ce début d’année.
Pas de confusion possible avec les Arctic Monkeys, Kaiser Chiefs, We Are Scientists ou autres groupes britons dans le vent. Exit l’artillerie lourde et ses riffs dansants taillés pour le dancefloor … Il est ici question d’intelligence d’écriture, d’émotions, de compositions se bonifiant au fil des écoutes, de morceaux dont on se délectera de nombreuses années encore. Pas convaincu ? Alors, décortiquons un titre au hasard. "Aspects", le premier fera parfaitement l’affaire.
Qu’en dire ? Tout d’abord, qu’il ne sort en rien du lot. Qu’il s’avère pourtant d’une incroyable originalité entre ses breaks audacieux, ses idées à la seconde, son instrumentation lumineuse … Que l’on retrouve condensées en 2’5! 6’’ autant d’idées que dans le premier album des Kooks voire dans l’intégralité de la discographie de Coldplay. On n’a tout simplement pas entendu une telle complexité et une telle richesse dans les constructions depuis … Love … ou plus récemment Olivia Tremor Control ou Jeff Buckley. Les Shins ont vraiment du souci à se faire …
Sur scène, ces petits joyaux ne perdent rien de leur magie. Mieux encore, ils sortent sublimés de l’exercice. Musiciens surdoués, nos quatre irlandais passent allègrement - et sans difficulté apparente - d’un instrument à l’autre. "Ghosts In The House" ou "Aspects" font mouche dès l’ouverture. Leur sincérité autant que leur talent demeure désarmante. "Big Sad Eyes" ou "Lonely, Locked Up" captent l’attention de spectateurs initialement distraits. "Let This Light Fill Your Eyes" ou encore "Stop And Remember" enfoncent le clou. Après un arrosage des premiers rangs, le petit teigneux de service, Conor O’Brien, prononcera la clôture du set sur "In Towers And Clouds".
Un rappel sera même réclamé. En vain …
Pour la suite, The Pigeon Detectives de Leeds, dont le set particulièrement calamiteux en première partie des Kaiser Chiefs en novembre dernier résonne encore à nos oreilles. Pourtant, un chanteur bien éméché suffira à élever les débats. Deux ou trois riffs solides, un sens de l’humour particulièrement développé et voici que les soutifs volent, les premiers rangs se resserrent : les Pigeons Detectives triomphent aisément de la Maroquinerie.
Un excellent moment de détente pour qui a pris soin de laisser son cerveau au vestiaire. La soirée se poursuit avec la dernière sensation hip-hop MySpace d’outre Manche à la manière de The Street. Sans nous malheureusement … Alors, les héros de la soirée ? |