Le 28 juin 2007, l’agglomération rouennaise, historiquement délaissée par le rock depuis les années 80, vivra un évènement musical sans grand précédent. Cocorosie, Bloc Party, Razorlight, Soul Wax et tant d’autres sur une même scène, pour une soirée qui s’annonce d’ores et déjà explosive.
Cette affiche est le premier acte, comme on pose la première pierre de la très attendue SMAC (Scène des Musiques Actuelles) de l’Agglomération Rouennaise, le 106, qui s’installera dès 2008 sur les quais Rive Gauche de Rouen.
Echange autour d’un café avec Jean-Christophe Aplincourt, chef de projet du 106.
JP Aplincourt, vous êtes le futur directeur de la SMAC de l’agglomération rouennaise, le 106. Pouvez vous en quelques mots nous présenter cette salle attendue qui ouvrira en 2008 ?
Jean Christophe Aplincourt : L’idée, c’est une salle qui doit suivre le parcours à la fois des spectateurs et des musiciens. Les spectateurs auront l’occasion "d’entrer" dans la musique, à la fois par des évènements médiatisés pour un public plus large, mais aussi des programmations plus pointues pour des connaisseurs. La musique n’est pas l’éternel retour de l’adolescence même si c'est en partie vrai, elle capitalise aussi. La salle doit refléter ce mouvement, témoigner de la richesse de la musique actuelle, brasser les musiques sur un large spectre de genres, avec comme souci premier de défendre les artistes qui ont une démarche entière.
Les artistes pourront bénéficier d’un lieu de vie, d’un lieu de répétition et de création, avec différentes scènes modulables, qui permettent de suivre la progression des projets musicaux. Il s’agit là aussi d’encourager les choses pour faire monter le niveau des artistes. Il faut que les groupes d’ici soient portés, Et c’est l’un des rôles du hangar 106.
Qu’en est il de la Musique Actuelle sur Rouen en 2006 ? Est elle comme on le dit souvent "trop près de Paris" ?
Jean Christophe Aplincourt : Ca c’est typiquement la fausse excuse. Je ne pense pas que Rouen soit trop près de Paris. La scène française y est bien représentée, mais il y a une carence sur l’international. Rouen n’est pas sur ce réseau.
Quand on regarde les autres grandes agglomérations comme Rennes, Nantes ou Lille, il n’y a pas les mêmes manques. Il n’y a pas d’existence de certains artistes à Rouen. Encore une fois, nous voulons que le meilleur de la musique passe à Rouen, et que le spectre musical y soit très largement représenté.
Vous organisez avec votre équipe une soirée premier acte le 28 juin 2007 au Zénith de Rouen, avec une programmation impressionnante. Une démonstration de force, ou l’image de la future couleur du "106"?
Jean Christophe Aplincourt : La programmation du 106 sera éclectique, avec une grande liberté de choix artistique et une programmation de caractère, surtout pas répétitive ou datée. Nous voulions effectivement marquer les esprits avec une programmation comme on en a rarement vu sur Rouen. Les groupes qui seront au Zénith de Rouen pour cette soirée premier acte sont très représentatifs de la large diversité de la musique actuelle : du Punk rock cuivré de Bloc Party en passant par l’électro de Soulwax, le folk hip-hop new age de CocoRosie, le crooner Antony & the Johnsons, ...
Un coup de cœur dans cette programmation ?
Jean Christophe Aplincourt : J’aime beaucoup Cocorosie. J’ai eu le plaisir il y a quelques années de les faire jouer dans une petite salle, et de voir le phénomène grandir. J’aime ce cross-over, avec une démarche entière.
Sur les groupes locaux aussi, et sur le tissu médiatique associatif avec la présence de la radio locale HDR et Domino TV ?
Jean Christophe Aplincourt : Oui, il faut montrer la vivacité de la scène rouennaise, avec des groupes comme Tahiti 80, Yéyé ou Mister Crocodile. Quand aux médias associatifs, j’estime que les relais sont importants. Un bon lieu a besoin de beaucoup de relations. C’est aussi le rôle de la SMAC de faire vivre et l’associatif et l’underground sur l’agglo de Rouen. Les SMAC transforment souvent le paysage urbain en jouant un rôle important dans ce maillage, et j’aimerais que ce soit le cas dans l’agglomération rouennaise.
Vous êtes l’ancien directeur du festival "Le Rock dans tous ses états" d’Evreux. Peut on imaginer un festival d’été à Rouen ?
Jean Christophe Aplincourt : Je suis plutôt pour ouvrir la salle à tous, et faire un festival permanent. Je préfère labourer dans la durée que de faire des petits évènements champignons. On imagine mal un festival de plein air comme le Rock dans tous ses Etats sur les quais de Rouen à côté du 106. Après, on voit avec des festivals urbains comme les nuits botaniques à Bruxelles qu’il est possible de faire des évènements dans la durée avec une programmation pointue.
Pour finir, quel est votre meilleur souvenir d’organisation de concert ?
Jean Christophe Aplincourt : R.L. Burnside. Un bluesman très roots, il y a quelques années. C’est le genre de coups de cœur qui seront les surprises du Hangar 106. |