Fumée et brouillard accueillent les trois membres du groupe The Young Gods, dans une salle remplie de fans et chauffée à blanc (au sens propre et figuré). Quelques visages aperçus lors du concert d'une des sessions acoustiques au Centre Culturel Suisse, se sont de nouveau déplacés pour voir le trio suisse, venu pour défendre leur dernier album en date Super Ready - Fragmenté.
L'éclairage mis en place est particulièrement intéressant. Franz Treichler aura, toute la soirée, un pied de micro agrémenté d'un spot, tourné vers le plafond, éclairant son visage à la manière d'un projecteur de défense anti aérienne, comme si ce visage représentait une quelconque menace venue d'un ciel tourmenté.
La scène est parsemée de diodes aux couleurs changeantes, fixées aux murs et à la batterie, qui viennent marquer les fumigènes de halos colorés. Al Comet (baptisé Cometo par Franz) l'air taciturne, derrière son clavier Akai MX76, décoche ses flèches électroniques et fait trembler le sol de la maroquinerie. Bernard Trontin, derrière ses fûts, légèrement surélevé, martèle de ses rythmes les morceaux et nous démontre la finesse de son jeu, malgré une frappe appuyée.
Plus tard, lors d'une partie plus posée du concert, il jouera du Hang, cet instrument aux sonorités aquatiques, mais la percussion si originale, sera difficilement mise en valeur. C'est bien dommage.
Le dernier album sera largement à l'honneur durant toute la prestation. Une version éclatante de, entre autre, "I'm The Drug", "El Magnifico "... "Everythere" sera l'occasion d'un grand moment du concert. Une interminable et envoûtante version du morceau "Super Ready / Fragmenté", qui dure déjà 9 minutes sur le disque, sera l'occasion d'une communion générale entre les musiciens et leur public.
Les rythmes endiablés des Young Gods nous donnent l'impression d'être pris dans un transe chamanique. La batterie de Bernard, couplée au sampler de Al Comet, forme une sérénade hypnotique, dont les basses font vibrer nos jambes. La voix de Franz, grave et forte, peut rappeler le chant du sorcier. Le mouvement permanent des têtes suivant le rythme, amène à penser qu'un serpent tellurique, tel Quetzacoatl, s'est immiscé dans les rangs du public parisien.
"Stay with us" sera l'occasion d'un moment de calme, ou "Cometo" prendra sa guitare-sitar thermo-nucléaire, le public pourra reprendre son souffle avant que les jeunes dieux ne reprennent leur set. Peu de classiques seront joués ce soir, "Longue Route", réclamé par le public, ne sera pas l'occasion de la récompense tant attendue par une audience visiblement en manque de Youg Gods.
Après 20 ans de carrière il y a des choses que l'on ne veut pas forcément refaire à chaque fois. L'assistance sera gratifiée de deux rappels, riches et vibrants, dont "Speak Low", la reprise de Kurt Weil, sera un des meilleurs moments.
Les Young Gods nous quittent, mais pas pour longtemps, ils n'ont pas une tournée, mais trois en cours. Celle qui vient présenter le dernier album, quelques sessions acoustiques à venir encore et le projet Griots & Gods, avec le groupe de rap américain Dälek, à l'initiative des Eurockéenes de Belfort.
Avec une telle variété ... que demande le peuple ? MORE GODS !!!
PS : Désolé pour la première partie, je suis arrivé trop tard et personne n'a été capable de me dire leur nom. |