Pour la sélection "Capsules rouges", Benjamin Bellecour et Pierre-Antoine Durand, les programmateurs du Festival Mises en capsules initié par le Ciné 13 Théâtre, qui consistent à donner carte blanche à 9 metteurs en scène, ont tenu leur pari de présenter une soirée éclectique et de qualité.
Point de gros rires ou de comédies à grosses ficelles et pour cette série de Capsules Rouges, du théâtre exigeant décliné selon divers registres, du plus instinctif au plus conceptuel, du burlesque au grave.
"High Shoes", mise en scène d'Emilie Chesnais avec Emilie Chesnais, Gaëlle Bourgeois, Sophie David, Pauline Gardes et Adrienne Ollé.
"High shoes" est un spectacle de filles, sorte de happening qui oscille entre le défoulement subversif et le punk conceptuel des riott girls, avec des scènes fulgurantes sur des rythmes percussifs, des standards ou des brûlots hype qui ressemblent à une joyeuse improvisation et qui sont en fait bien maîtrisées pour des délires cinético- théâtrauxplutôt prometteurs.
"Rapport sur moi", texte de Grégoire Bouillier, mise en scène d'Anne Bouvier avec Mikaël Chirinian.
A l'affiche avec "La dernière nuit" d'Hadrien Raccah à la Manufacture des Abbesses, Anne Bouvier aime les univers singuliers, dérangeants, entre hyper réalisme, onirisme et poésie. Le roman, ironique et grinçant, "rapport sur moi" de Grégoire Bouillier lui fournit une matière tout aussi exaltante.
Avec Mikaël Chirinian, excellent, elle présente donc un monologue percutant dans une scénographie simple, qui peut parfois paraître relever de l'évidence et cependant toujours très fraîche et novatrice, au plus près du texte et de l'univers de l'auteur tout en privilégiant le jeu de l'acteur.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille et celle de Grégoire qui commence par une conception trioliste, une mère suicidaire et un combat rangé contre les staphylocoques dorés lui donne du fil à retordre. Au fil et à mesure qu'il sur enfile des T shirts-chapitres, il se met à nu, une nudité presque clinique, pour une entreprise délibérée dé décryptage du moi.
30 minutes trop courtes, voire frustrantes, pour le spectateur qui a envie d'en savoir et d'en voir davantage. Et pourtant Anne Bouvier a su circonscrire son propos pour élaborer un spectacle cohérent.
"11 semaines" de Radoslav Pavlovic, mise en scène de Pierre-Marie Carlier, avec Karine Mauran, Gersende Legars et Pierre-Marie Carlier.
Pas de surprise avec "11 semaines" cette adaptation d'un auteur serbe sur le conflit serbo-croate pour Pierre-Marie Carlier qui affectionne le théâtre ancré dans la réalité socio-politique contemporaine, un théâtre engagé qui questionne l'homme aussi bien sur son comportement de citoyen que de simple être humain.
Un travail propre, carré avec des comédiens qui ont du métier et qui peuvent donc monter en puissance, sans souci, sur un format court.
"Sans" de et par Fatima n'Doye, mise en scène par Camille Chamoux.
Fatima n'Doye et Camille Chamoux n'en sont pas à leur première collaboration et "Sans", qualifié de "solo chorégraphique", présente un superbe travail de théâtre d'expression non verbale, avec un texte minimaliste et une scénographie épurée qui privilégie la chorégraphie du corps, véhicule dramaturgique de l'indicible, ici du deuil.
Un travail que la beauté plastique et gestuelle de Fatima N'Doye porte à incandescence.
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