Comment s’est passé ce concert au Printemps de Bourges ?
Angil : Vraiment très bien, on ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant un truc qui se passe ici, parce que c’est quand même un grand festival, de nombreux concerts. En plus on n’est pas restés sur une bonne impression lors du dernier festival, la semaine dernière, en Suisse. Le public n’était pas vraiment au rendez-vous, impatient de voir des groupes d’avantage connus (il y avait quand même Le Klub des Loosers et EL-P).
Avec sans doute l’envie de voir ces gens là, mais aussi peut-être un truc un peu consumériste dans leur approche de spectateurs, c'est-à-dire qu’ils n’avaient pas envie de s’intéresser à nous clairement. On était dans la même énergie qu’à Bourges, remontés, super contents d’être là, un son génial comme hier et ça ne se passait pas… Alors, ce n’est pas qu’on s’attendait à ça non plus ici, à chaque fois on arrive quand même en ayant espoir qu’on va retourner le truc, mais on était quand même un peu sur nos gardes.
Fabb : On avait une bonne pression pour ce concert à Bourges, "l’humanité entière* en gros pour simplifier nous attendait au tournant (rires) : beaucoup de gens qui avaient entendu parler de nous qui ne nous avaient jamais vu… beaucoup de gens qui avaient déjà vu et qui voulaient retrouver l’émotion quand ils nous avaient vu la première fois… on n’avait pas droit à l’erreur, en plus nous, on avait envie de s’amuser, de profiter du moment et finalement tout s’est bien passé !
Angil : Plus que ce que l’on croyait même.Fabb : Carrément, au dessus de nos espérances.
Angil : On a eu le programmateur des Transmusicales de Rennes qui a apparemment aimé, Paléo Festival aussi, les gens qui s’occupent de webzines, les tourneurs, on a eu de bonnes réactions. Jusqu’ici, vraiment que du positif !
Fabb : Ca dépasse ce qu’on attendait même !
La programmation à Bourges, cela s’est passé comment ?
Fabb : Depuis que ce groupe a démarré, il nous arrive que des choses hallucinantes, que l’on n’a pas prévu, qui sont de belles surprises.
Angil : D’ailleurs ce groupe, on ne l’avait pas prévu !
Fabb : Comme on avait fait avec le groupe B R OAD WAY l’année dernière pour les sélections régionales des découvertes du Printemps de Bourges : John Venture a été sélectionné, on est allé jouer avec les 8 derniers groupes Rhône-Alpes en liste à Portes-lès-Valence.
Finalement, ça s’est très bien passé et on a appris après qu’on n’était pas retenus sur les découvertes (C’est Triste Sire, Antiquarks et Siméo qui ont été retenus).
Donc sur le coup, déçus et après on nous dit en fait vous n’êtes pas retenus sur les découvertes, vous êtes directement programmés sur le "In". A ce moment, la mâchoire qui tombe, et on se dit : "Ok, ben c’est parti alors !" Voilà cela s’est fait comme ça. Le concert s’est très bien passé, c’est chouette pour les programmateurs qui ont pris le risque, pour tous les gens qui ont poussé jusqu’au fait qu’on soit programmés en *officiel* sur Bourges.
Est-ce que vous vous sentez proches d’Ez3kiel ?
VJ Raize : On respecte leur travail, également humainement puisqu’on les connaît un petit peu, mais ce n’est pas des gens qui nous inspirent musicalement, on n’a pas le même univers. Par contre Ez3kiel comme John Venture utilise la vidéo et arrive à faire des tableaux plus ou moins abstraits. Il n’y a pas encore beaucoup de groupes qui font cela, la plupart du temps l’image est juste utilisée comme "effet de lumière". Des vidéos, on en voit de plus en plus mais il faut trouver un langage, il faut que cela amène à quelque chose. Ez3kiel fait cela, grand respect.
Vous êtes à une dizaine de concerts depuis la formation de John Venture, est-ce qu’il y a des morceaux que vous modifiez, que vous préférez jouer, qu’est-ce qui a changé depuis les premiers concerts ?
VJ Raize : Je trouve qu’on est passé de premiers concerts assez académiques, à, encore plus hier, où tout tombe, il n’y a plus de barrière : les morceaux qui prennent 3 minutes de plus… tu rajoutes des images, on se surprend, il se produit une espèce de flottement super intéressant. On sent qu’il faut raccourcir à ce moment là…, rallonger à ce moment là, intensifier à ce moment là, il commence vraiment à se passer un truc.
Angil : L’évolution du groupe en concert, il y a eu peut-être une espèce de petit creux à un moment où on sentait que l’on commençait à bien maîtriser notre truc et on risquait un peu à tomber dans des automatismes. Il y a eu peut-être un ou deux concerts comme cela où on était pas hyper satisfaits. Et puis je ne sais pas ce qui s’est passé, il y a eu une petite pause sans concert, on s’est retrouvés pour re-bosser avant les 5,6 dernières dates. Et là il s’est passé un truc. On avait la sécurité de savoir qu’il y avait cette maîtrise là et on a rajouté la dimension ludique, de prise de risque… depuis on prend un pied pas possible à nos concerts.
Fabb : Cela rajoute en plus une fraîcheur le fait par exemple que sur telle partie on va faire une nouvelle intro, je vous dis rien, ou Mick arrive avec une nouvelle partie texte… ça c’est bon ça, le coté un peu imprévisible où l’on essaye de se surprendre régulièrement…
Angil : Peut-être qu’avant au fond, on était contents d’être là, on avait la pêche d’être sur scène, parce que déjà c’était une sorte de bonus en soit de pouvoir présenter ce projet sur scène. Ce n’était pas du tout ce qui était prévu au départ, déjà le fait de sortir le disque, ce n’était pas prévu, alors les concerts… et voilà, et du coup peut-être qu’il y a ce *creux*, cette étape à passer et maintenant l’énergie et l’enthousiasme on ne le retrouve plus seulement dans le simple fait d’être là, mais aussi parce que l’on sait qu’il va se passer des choses nouvelles.
Comment sont construites les vidéos projetées pendant le concert ?
Fabb : Eric (VJ Raize) a toute une banque de samples vidéo, il enregistre un peu tout ce qui lui passe sous la main, c’est lui qui nous propose des choses. Pour ce projet, il nous a emmené directement à cette ambiance à la Al Capone et prohibition, années 30. Cela a fonctionné de suite, d’où aussi les tenues vestimentaires noires, cravates, etc…
Angil : En fait il faut expliquer au début du projet du John Venture, c’est 2 groupes qui décident de faire un truc ensemble. Angil et B R OAD WAY, et puis y a un truc qui tombe du départ c’est le nom : on va s’appeler les John Venture, on a aucune idée de ce que cela va donner, et ensuite il y a eu la pochette de l’album, le nom et le visuel étaient trouvés et il n’y avait encore rien de fait ni d’enregistré ! Eric est dans ce truc là, un peu d’anticipation, d’avoir aussi envie de concrétiser, c’est aussi de cela que c’est né.
Au départ c’est une discussion entre 2 groupes, et comme il peut y avoir plein de discussions entre plein de groupes qui n’aboutissent pas. Là de la même manière qu’entre Ez3kiel, puisqu’on en parlait, et Daau ou bien entre Why? et Fog avant le Hymie's Basement, on est tombés sur des gars qui ont envie de ne pas seulement parler mais aussi de faire… et voilà Eric est dans ce truc là, une pochette, ça va ressembler à ça… les images qui vont en découler, les années 30… Alors il a aussi toute une théorie sur le fait que les années 30, la prohibition cela reflète de la meilleur façon possible l’époque actuelle : les interdits de partout et le coté *fin de cycle*.
Pour revenir à la vidéo, Eric travaille comme un musicien et surtout dans la même temporalité, au moment où on est en train de composer, lui aussi est en train de composer et donc il suggère des choses, d’ailleurs ce qui est figé sur le DVD tel qu’il est aujourd’hui des John Venture, il y a des choses qui ont évolué, maintenant il ne les voit plus comme cela, cela évolue aussi pour lui.
Fabb : Il travaille avec ses samples vidéos, il les incruste, les superpose…et ça a été un peu le moment de grâce lorsque qu’il a amené cet univers, nous, on avait le nom du groupe qui était à la fois un nom de personnage, un nom hyper abstrait, on met rarement l’article *the* devant un nom propre, cela pouvait représenter plein, plein de choses et le fait qu’il a amené cet univers, ça a personnifié et humanisé tout le projet. On est parti vraiment dans l’idée de nous, de jouer un rôle, de ce personnage qui est John Venture, ça nous a donné par la suite un fil conducteur par rapport aux textes sur tout l’album. Cela a été le catalyseur, un bon mélange d’énergie, de bonnes idées au bon moment.
Les projets ?
Angil : Des concerts avec un festival à Saint Etienne début mai qui s’appelle *Paroles et Musiques*, on va faire *Sous la Plage* à Paris le 1er juillet, on joue également à Villeurbanne et Toulouse fin juin. Le 14 juillet à Rimini en Italie puis à Grenoble. Merci à Axel de l’Entreprise, notre tourneur qui depuis le début nous soutient. Et puis dans un avenir à plus long terme, on a encore le bénéfice du doute, on ne sait pas en fait s’il va y avoir une suite à ce projet, que l’on soit comme moi très partisan d’un deuxième round ou comme Fabb plutôt septique !
Fabb : Il y a les projets parallèles qui arrivent : le nouvel album d’Angil qui sort le 2 mai, pour B R OAD WAY on enregistre en août, l’album devrait sortir en novembre également chez We Are Unique Records, ce sont des projets qui prennent beaucoup de temps. The John Venture, pour l’instant, la machine est lancée, c’est parfait on peut mener nos projets personnels séparés de front en gardant The John Venture au milieu qui nous réunit régulièrement. Mais de là à dire ce qu’il va se passer par la suite, c’est impossible, tout est possible. Cela sera différent, peut-être une collaboration avec d’autres gens aussi, ou peut faire grandir le collectif The John Venture…
Angil : Si y a une suite il n’y aura plus le principe de se fixer une contrainte temporelle comme cela a été le cas, il y en aura peut-être d’autres…tout est possible, suggérez-nous des trucs sur Myspace ! Pour ma part étant donné que l’album d’Angil sort début mai, je vais aussi tourner autant avec Angil que The John Venture. On arrive de toute façon à se retrouver autour d’autre chose, ne serait-ce qu’humainement, cela nous fait trop plaisir de nous revoir régulièrement. On s’est fédérés sur autre chose, par exemple il y a Cd1d.com qui est une plate-forme sur Internet qui a été crée par Eric, le Vj avec toute une flopée de labels indépendants qui proposent leurs disques en vente en ligne mais sans les taxes de distributeurs ce qui fait que les disques sont moins chers.
Fabb : C’est devenu presque un acte de résistance, se fédérer au niveau de labels indés c’est un peu survivre par rapport aux majors et surtout les distributeurs qui négligent les petits labels. Le site fonctionne bien, les ventes commencent à prendre une bonne régularité, il y a vraiment une défense du support, c'est-à-dire l’envoi de disques par la poste, et maintenant la prochaine version d’ici un an devrait incorporer le dématérialisé mais là aussi, ils réfléchissent à quelque chose de pas bête et méchant, surtout à l’opposé du Mp3, un format avec une grosse qualité de son. Le site ne réalise aucun profit, les cds sont moins chers qu’en magasin, et beaucoup plus d’argent au final est reversé aux artistes et aux labels. C’est vraiment une dynamique qui essaye d’être mise en place pour aider certains à survivre il y a en plus une grande diversité de musiques. C’est militant mais c’est pour la bonne cause !
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