La 52ème Biennale de Venise voit l'inauguration du nouveau pavillon italien qui se trouve désormais à la Tese delle Vergini dans un batiment de l'Arsenal.
La commissaire, Ida Giannelli, directrice du Musée d'art contemporain du Castello di Rivoli de Turin, a choisi Giuseppe Penone et Francesco Vezzoli pour représenter l'Italie.
Deux générations. Deux mondes différents. Et un parallèle sans comparaison possible entre "l'art vidéo" et la sculpture, art majeur.
Francesco Vezzoli propose avec "Democrazy" deux vidéos diffusées en miroir sur la thèmatique, désormais balisée, du grand show politico-médiatique.
Il met en scène un même candidat, décliné dans une version féminine et une version masculine, filmé pour un spot électoral à la manière américaine.
A l'affiche deux interprètes très people - Sharon Stone et Bernard Henri Lévy - qui lui assure une belle audience médiatique.
Le choix de Giuseppe Penone, acteur de l’Arte povera, en ce qu’il participe pleinement à la réflexion sur la dialectique entre la nature et la culture, pour qui "Le langage de l’art est encore et sera toujours fondé sur les sens" et dont l'oeuvre est sous tendue d'une réflexion sur l'être et le devenir, relevait de l’évidence pour cette biennale placée sous le thème de "Penser avec les sens, Sentir avec l'esprit"
Comme Rodin pétrissait la terre et attaquait le marbre avec cette sensualité puissante et démiurgique, Giuseppe Penone est celui qui donne vie à la matière, et donc chaque sculpture porte sa marque et l'empreinte de sa main.
Sous le titre générique "Sculture du linfa", première invitation à la méditation comme tous les titres métaphoriques de Penone, les deux sculptures présentées synthétisent l'essence de son oeuvre, la mise en scène du processus de la vie universelle.
Dans la première salle, les "Alberi di cuoio", couchés au sol, deux troncs d'arbres, mais sont-ce vraiment des arbres, sont recouverts de cuir qui, patiemment cloué par la main de l’artiste, en reconstitue l’écorce.
Transposition charnelle du toucher de l'écorce rugueuse des arbres que l'homme a, de tout temps, touché de la main, dans ce geste ancestral et primitif de communion avec la nature dans un de ces éléments dont la longévité est associée à l'éternité.
La 2ème salle convie le spectateur à une expérience de tous les sens par immersion dans une oeuvre monumentale, sublimement belle et d'une inquiétante étrangeté, dans laquelle se mêlent archaïsme et contemporanéité.
On y retrouve toutes les thématiques de Penone : la dimension tactile, la temporanéité, la vie et la mort, le palpable et l'indicible.
Elle opère la communion du penser et du sentir avec le dallage en marbre blanc dont les veines naturelles sont travaillées en ronde-bosse à la manière des circonvolutions cérébrales ("Pelle di marmo-cervello") et les murs tapissés d'écorce de cuir odorant, le tronc débité en deux poutres creusées d’un sillon central empli de résine, la sève comme élément vital, qui révèle l'arbre.
Et il appartient à chacun d'apprécier cette vision holistique du monde.
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