Comédie de Shakespeare, mise en scène d'Idriss avec Benjamin Brènière, Antoine Brin, Christian Chauvaud, Lucien Czarnecki, Jean-Guillaume Le Dantec, Jean-Jacques Duquesne, Vincent Gaillard, Nicole Gros, Camille Hugues, Romain Poli, Marie Véronique Raban, Victorien Robert, Franck Sanna, Diane de Segonzac, Frédéric Touitou, Michel Wyn et Gérard Zimmer.
Falstaff, gentilhomme hâbleur, désargenté et un tantinet naïf, entreprend de devenir le gigolo de deux bourgeoises aux époux bien nantis. Mais c’est oublier qu’il n’a plus la fraîcheur d’un jeune premier et que les victimes pressenties, des commères au sens étymologique du terme, sont de fieffées rouées qui mènent leur petit monde par le bout du nez et qui ont plus d’un tour dans leur escarcelle pour ridiculiser leur entourage.
Sûres d’elles-mêmes, tant de leur charme que de leur ascendant, fortes d’une belle solidarité féminine pour éprouver la gente masculine, les femmes sont au cœur de la comédie farcesque qu’est "Les joyeuses commères de Windsor". Dans ce joyeux divertissement, Shakespeare mêle tous les registres, comédie de moeurs, pantalonnade et intrigue amoureuse, et pourvoit à tous les emplois des deux sexes, du jeune premier au barbon, de l’amoureuse à l’entremetteuse.
Idriss a donné une belle tonalité à toutes les couleurs de cette pièce foisonnante qui est menée avec énergie et drôlerie dans une scénographie astucieuse de tableaux guillerets dont chacun est néanmoins riche d’enseignements. Pour mener ce divertissement sur un rythme endiablé, il a choisi une distribution judicieuse dont il maîtrise l’homogénéité tout en octroyant à chacun sa part d’expressivité.
Un seul regret tient à l’exiguité de la petite salle du Théâtre du Nord-Ouest qui confine cette abondance et notamment la scène bucolico-fantasque de la sarabande des elfes et des esprits dans laquelle la troupe s’en donne à cœur joie.
Face à l’imposant Jean-Guillaume Le Dantec qui campe un Fastaff "hénaurme" et savoureux, qui commence comme un fier à bras pour finir en dindon penaud, Marie Véronique Raban donne une belle rondeur, à la fois coquine, sensuelle et artificieuse, à Mistress Gué, dont on imagine l’orgueil flatté et moins scrupuleux si le courtisan eut été jeune et bien fait de sa personne, et Diane de Segonzac parfaite en Mistress Page comploteuse qui trouve ici matière nouvelle pour son penchant naturel.
A leurs côtés, Nicole Gros endosse le rôle de Mistress Quickly la dame bons offices qui, sans état d’âme, émarge à toutes les bourses et les maris (Christian Chauvaud et Michel Wyn), jaloux ou pas, filent doux. Et tous les autres comédiens contribuent également à la réussite de ce spectacle.
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