Avec un titre d'album comme celui-ci, difficile pour Bjorn Berge de passer inaperçu.
I'm the Antipop affirme la pochette de ce nouvel album du géant suédois. Rien de moins. Cela étant dit, s'il s'agit bien d'un nouveau disque, il ne contient que 2 compositions originales. Le reste est exclusivement constitué de reprises de chansons chères au coeur de Bjorn Berge.
Pour ceux qui ont déjà vu le beau tatoué sur scène ou qui connaissent son précédent album, ce disque ne sera qu'une demi-surprise. On trouvait, en effet, sur St Slide deux remarquables reprises avec "Thursday" de Morphine et "Ace of spades" de Motorhead qui donnaient toutes deux envie de se pencher sur les titres originaux tant la relecture de Berge en était bonne et inspirée.
De là à faire de ce bluesman venu du froid un spécialiste des reprises, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas car les compositions originales sont elles aussi pleines de force et de caractère.
Force et caractère sont 2 mots qui vont d'ailleurs comme un gant à ce grand costaud tatoué avec sa tête d'enfant. Et c'est un peu comme cela qu'est sa musique. Délicate et directe, offensive et tranquille. A mi-chemin entre le blues et le hard rock l'univers de Berge s'impose en tant que tel et il s'approprie étonnamment bien au fil du disque des reprises aussi variées que "Buena" de Morphine ou "Suck my kiss" des Red Hot Chili Peppers.
Lorsqu'il veut se faire doux, Berge arrête de chanter et fait place à une guitare apaisée, presque folk, comme si les Red House Painters avaient pris un peu trop de café, sur les très élégants "Ruphus" et "Hmm". Etonnamment, je vous le donne en mille, ces 2 titres sont signés … Bjorn Berge !
Mais quand il fait parler la poudre, il revient à sa 12 cordes qu'il pousse dans ses derniers retranchements à tel point que l'on a du mal à le croire seul aux commandes. Pourtant, il est vrai que Berge avec ses gros muscles et ses grosses mains de docker (son ancien boulot) est un sacré virtuose de la guitare.
I'm the antipop a le double don de redonner vie à quelques chansons plus ou moins oubliées, voire pour certaines indispensables, et à redonner envie de déterrer un blues trop souvent malmené et dénaturé par quelques artistes de variétés.
Certes, Bjorn Berge bastonne, envoie du son et du gros mais sa musique vise juste et vous prend les tripes aussi sûrement que quelques vaudous en voudraient à votre âme !
Bjorn Berge en fossoyeur de la pop ? Oui, on veut bien le croire sur parole. D'abord, il est trop costaud pour le contredire et trop convaincant pour penser une seconde le contraire !
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