Avec sa voix située ente celle de Sigur Ros ("Sinister in a state of hope") et celle des Bee Gees ("Saturday waits"), Nils-Emil Svanangen, seul membre de son groupe Loney Dear, bricole sa pop lunaire et sautillante tout seul dans son coin, dans sa chambre chez ses parents notamment, aidé seulement de quelques engins électroniques et informatiques et deux ou trois instruments indispensables à tout popeux respectable.
Ainsi armé contre tous les maux du monde, Loney Dear sort donc enfin son nouvel album en France. Je dis "enfin" parce que le garçon n'en est pas à son coup d'essai mais ses précédentes productions étaient restées bien confidentielles car autoproduites et réservées, de fait, au marché de proximité sur le territoire suédois.
Voici donc Loney Noir, titre assez étonnant mélangeant anglais et français pour une raison qui n'appartient qu'à lui mais il semble que le français ait un certain effet sur lui puisque son précédent album s'intitulait Sologne. Mais faisons fi de ces considérations linguistiques pour revenir au contenu du disque.
De prime abord relativement dépouillé, l'album n'en est pas pour autant bâclé, encore moins mal produit. Ici, la volonté de peu de moyens est largement compensée par, outre de simplissimes et imparables mélodies, une production sur mesure habillant parfaitement l'univers un peu onirique des chansons. Pas un violon plus haut que l'autre ni de cuivre assourdissant mais le juste dosage qui permet de mieux encore souligner la qualité des compositions qui empruntent autant du côté des Beatles que des Broken Social Scene.
Les voix qui cavalent et s'entrechoquent dans un déferlement instrumental faussement bordélique en sont la meilleure preuve. On retrouve sur "Hard days 1 2 3 4" cet esprit barré avec claquements de mains et rythme qui donne des fourmis dans les jambes.
C'est une autre facette de son talent de songwriter que l'on découvre sur "I am the odd one" ou "I can win", chansons superbes et touchantes qui ne sont pas sans rappeler quelques bons moments passés en compagnie de Stephen Jones (aka Babybird) et sa pop douce amère.
Loney Noir et ses jolies chansons envotantes ne peut qu'être la bande son idéale pour rafraîchir un été qui s'annonce pluvieux mais heureux ! |