Pour la carte blanche donnée par le Musée Galliéra, Jean-Charles de Castelbajac orchestre, avec la collaboration des scénographes Marianne Klapisch et Mitia Claisse, ce "Gallierock" comme une rétrospective de 40 années de création sur le mode de l’installation-performance qui constitue pour lui "le début d’une grande ligne droite qui s’appelle lâcher prise".
En attendant, celui que l'on surnomme "l'aristo rock" investit avec bonheur ce lieu, dont l'architecture Renaissance italienne se confronte à une scénographie très rockn'roll, pour une exposition qui est une parfaite réussite.
Et il a bien raison, humour et talent obligent, d'accueillir le visiteur avec sa griffe-blason quasi christique !
Car il est des destinées incontournables et rien de surprenant à ce que ce descendant de noblesse de Bigorre, fils d'un ingénieur textile et d'une dessinatrice de mode, se fasse un nom dans l'univers de la mode.
4 salles donc pour mettre en scène ses mythologies personnelles indissolublement liées à ses origines, à son enfance et aux rencontres qui ont jalonné son itinéraire.
En introduction, dans la salle carrée tapissée, pour l'occasion, de miroirs au murs et au plafond, JCDC a installé son Kubrick's Cube, dont les faces s'illuminent et clignotent pour entraîner le visiteur dans une sorte de palais des glaces psychédélique. Une expérience à la fois sensorielle et ludique qu'il a présenté à la FIAC 2006.
"Le cube me ressemble. Il est carré, ludique, full of colors, le hasard et la providence sont ses intimes complices, il est la pierre angulaire et cosmique." Ainsi parle JCDC.
A moi comte !
Changement brutal d'univers avec son petit cabinet de curiosités qui recèle un choix d'objets et de costumes qui témoignent du bruit et de la fureur de l'histoire de France. Jean-Charles, homme d'aujourd'hui, n'oublie pas que de Castelbajac il reste.
Chevalier de son siècle et de son époque dont les tournois sont artistiques, Jean-Charles de Castelbajac a transformé la grande salle de bal en galerie des trophées d'un château de Walt Disney, doté d'un trône immense capitonné de rose shocking à la Schiaparelli, qui aurait été annexé par les Rolling Stones.
La toile de Jouy pastorale vire au rose fluo sur laquelle bergers et bergères, victimes du baiser du vampire, se sont transformés en héros d'épouvante et les photos des stars du hip hop ont remplacées les portraits des ancêtres.
Sonorisation de Kingju et boules disco, la fête peut commencer sous la garde des robes qui se déclinent en objet, tableau, littérature.
Robes tuniques, ligne pure, couleurs vives, Jean-Charles de Castelbajac détourne les publicités à la manière d'Andy Warhol, imprime sur tissu les photos des personnalités iconiques, de Marilyn Monroe à Bugs Bunny. Raccourci saisissant sur la seconde moitié du vingtième siècle.
Retour vers le futur
Décor urbain avec échafaudages et podium central pour les créations les plus emblématiques de ce fils spirituel de Dali et d'Annette Messager qui conçoit la couture comme la symbiose de la sculpture et de la peinture.
Pris isolément ses modèles relèvent de l’humour parfois potache et du détournement jubilatoire mais ainsi réunis établissent une vraie démarche créatrice, originale et ludique.
Il y pratique l'art de la récupération et de l'assemblage (le manteau bérets) qu'il saupoudre d'un brin de surréalisme (le manteau spaghetti et le poncho double) et de beaucoup d'humour (la robe test oculaire) sans oublier la douceur de quelques peluches (le manteau teddybear et la veste arche de Noé).
C'est gai, extravagant, inventif et frais. Les modèles n'ont pas pris une ride. Lacher prise dit-il... Dommage...
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