Un
murmure, une voix sourde et à la limite de la rupture épousant
doucement des notes minimalistes habille au plus juste les mélodies des
chansons de Ai Phoenix.
Bien sûr, on pense dès le premier morceau, "we think
you are very brave", à Mazzy Star mais aussi à
Labradford ("The Thief and the River song") ou même
aux Walkabouts ("If you ever saw her name").
Calme et noire (la chanteuse s'appelle Mørk ce qui signifie "sombre"
en norvégien), la musique de Ai Phoenix, sans une note de trop, de peur
de distraire l'auditeur, de rompre le charme, nous emporte vers les contrées
glaciaires où les sons sont étouffées par les masses neigeuses,
où le silence n’est interrompu que par le vent, où l’immobilité
et la pérennité ne cèdent qu’à la tourmente,
où votre regard ne voit jamais l’horizon. Ce sont des notes longues
poussées à l’extrême qui meurent aussi spontanément
et naturellement qu’elles sons nées mais de manière lumineuses.
“The driver is dead” de Ai Phoenix illustre l’originalité
et la spécificité du son venu des pays scandinaves, une musique
contemplative et introspective. Cet album est composé de "pièces"
plus que de morceaux qui sont des histoires complètes avec une introduction
et un dénouement. Tout se passe dans votre tête, dans votre imaginaire.
On rêverait d'un concert Ai Phoenix / Beth Gibbons .
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