La Pinacothèque de Paris, managée par Marc Restellini qui a œuvré pour des expositions "clés en main" au Musée du Luxembourg, vient d’ouvrir ses portes place de la Madeleine.
Pour sa manifestation inaugurale, elle propose "Roy Lichtenstein - Evolution", une exposition organisée conjointement par la Fondation Roy Lichtenstein de New York et la Fondation Juan March de Madrid.
Sous le commissariat avisé de Jack Cowart, directeur éxecutif de la fondation précitée et dans une scénographie inspirée de Laurent Guinalard-Casati, cette exposition revêt un caractère exceptionnel.
En effet, elle présente, avec près d'une centaine d'oeuvres dont l a plupart jamais exposées en France, 30 ans de création pour découvrir le processus créatif d’un des mousquetaires du Pop art.
Escalier en colimaçon, salle circulaire, chevalet pivotant customisé par l'artiste, tout tourne autour de Roy Lichtenstein dans cette exposition didactique.
A côté d'une sélection éclairante de peintures et de sculptures, livres, coupures de presse, carnets de croquis, maquette, esquisses préliminaires sont réunis pour initier le visiteur à déchiffrer son processus créatif et à appréhender l'univers graphique singulier de l'artiste au delà des simples clichés qui peuplent l'inconscient collectif.
Un support iconographique unique
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Roy Lichtenstein ne créait pas de manière instinctive en jetant des couleurs sur une toile ou de manière rudimentaire en procédant à de simples collages aléatoires à partir de découpages de vignettes de bandes dessinées.
L'aspect technique et plastique
Roy Lichtenstein procède à une recherche incessante en matière de supports, mélangeant les moyens, parfois aussi simples que le ruban adhésif, et détournant les procédés techniques.
A cet égard, "Ocean motion" réalisé avec du rhodoid est une merveille.
Le modelé est remplacé par des hachures, des traits, des points et des tramés qu’il emprunte à ce qu’il appelle "l’art commercial" et qui résulte des techniques d’impression et d’imprimerie pour concourir à la simplicité du trait.
Il va rendre visible et utiliser ce qui relève du macroscopique et cette technique trouvera son apogée avec le grossissement des images de bandes dessinées érigeant le point de trame en signe stylistique ("Seductive girl")
La réinterprétation de l'image
Comme tous les peintres, Roy Lichtenstein pratique l'étude.
Et il puise dans le thésaurus de l'art, de l'impressionnisme (les nymphéas de Monet dans "Water lilies") au cubisme, Picasso constitue sa référence majeure, en passant par la sculpture antique ("Laocoon") et contemporaine ("Endless drip") à la recherche d'images iconiques qu'il va retraiter de manière globale ou par insertion dans des tableaux puzzles ("Still life").
Dès 1962, il expose des toiles inspirées de la culture populaire américaine inspirées des bandes dessinées, aussi bien comics et romances, révélatrices de l'american way of life, qu'il épingle avec humour et dont il détourne le sens de la représentation ("Nude with bust").
Car derrière ces belles images, désormais emblématiques, il y a sans cesse une profonde interrogation sur le sens de l'art.
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