Création théâtrale de Sophie d'Orgeval d'après "Incendies " de Wajdi Mouawad, mise en scène de Sophie d'Orgeval avec Marie Yaouanc, Lucie Lalande et Sophie d'Orgeval (Compagnie La Rigole)
C'est un spectacle présenté en plein air dans la Cour des Notaires et où le traditionnel message : "Merci d'éteindre votre téléphone portable aurait pu continuer par : "…et d'arrêter la circulation dans la rue" mais passé le premier quart-d'heure, on est plongé dans le spectacle.
Ca commence par l'arrivée d'une conteuse créole puis d'un clown blanc, personnages incongrus qui vont vite vouloir se voler la vedette et philosopher sur la vie de comédien...
Très vite, ce duo inattendu nous raconte l'histoire de Nawal. C'est le texte d' "Incendies" de Wajdi Mouawad (qui a autorisé cette adaptation) : une histoire de famille, d'enfant illégitime, de transmission , de promesses faites et tenues. Les thèmes chers à l'auteur "Molièrisé" (qui sera de retour en France en 2008).
Certes, le débit est parfois un peu rapide, mais la troupe dégage déjà une indéniable maîtrise et une sincérité à toute épreuve. Et ce n'est pas un chat descendu d'un mur, qui traverse le plateau, ni une bourrasque de mistral qui déferle sur la cour qui va les arrêter.
Au contraire, cela ajoute à la vérité du texte de Mouawad dont l'action se situe au Liban, son pays d'origine et qui dit combien est importante l'instruction pour "s'arracher à la misère", l'héritage et l'amour de la terre, comment est absurde la guerre, combien elle est violente et incompréhensible.
Le texte est mis en valeur de façon convaincante par la jeune compagnie La Rigole qui, fidèle à la méthode du "maître", fait incarner plusieurs personnages à chaque comédienne. Et celles-ci, changeant d'époque et de génération, sont tout à fait crédibles.
Les intermèdes comiques désamorcent la tension dramatique montante sans alourdir le rythme mais justement en lui donnant de la respiration. Et à la fin du spectacle, ce sont les deux conteuses qui concluent en prenant à leur compte la phrase de Nawal à Sawda (et qui pourrait être le sous-titre de ce spectacle) : "Il n'y a rien de plus beau que d'être ensemble".
C'est un remarquable travail collectif tenu de bout en bout et une troupe à suivre de près qu'il vous faut aller découvrir mais dépêchez-vous : la dernière est le 18 (néanmoins, une reprise parisienne est prévue à l'automne). |