Comédie dramatique de Jean-Pierre Siméon, mise en scène de Didier Kerkaert avec Julie Chaubard, Nicolas Dufour, Xavier Memeteau et Luc Samaille (Théâtre Octobre)
Quel choc que ce spectacle proposé par cette compagnie du Nord-Pas de Calais ! Dès le début, un "choeur de tragédie" moderne en queue de pie et jean nous introduit à la lueur d'une ampoule dans le monde des sans- abris. Et l'on sait qu'on n’en sortira pas indemne...
"La Lune des pauvres" est un long poème d'amour vibrant pour ces deux laissés pour compte qui relèvent peu à peu la tête grâce à l'amour personnifié par Angela, une jeune irlandaise qui va les transformer à son contact.
La mise en scène de Didier Kerkaert est à la hauteur de ce texte magnifique d'un des plus grands auteurs français contemporains. C'est épuré, à la fois âpre, cru et terriblement beau et poétique. Vrogne et Pinaille, figures universelles du SDF sont attachants malgré leur maladresse pataude et leur vulgarité. Leur souffrance et leur solitude nous touchent. Et la langue de Jean-Pierre Siméon, ce magicien, métamorphose le réel pour en faire un grand cri lyrique et désespéré.
Le spectacle est bouleversant de sobriété, tant dans la mise en scène que dans le jeu des comédiens. Ce qui donne encore plus de force à ce road -movie désemparé. Et on est foudroyé par tant d'amour blessé.
Il faut les voir tous les trois, laisser éclater leur joie d'être à nouveau "vivants" après des années de noir, en sautant le long de la rivière...
Inoubliable ! |