Drame de Shakespeare, mise en scène de Jean-Pierre Muller, avec Anne Barthel, Gérard Cheylus, Sébastien Coënt, Alexander Cole, Hervé Colombel, Pascal Daubias,
Rodolphe Delalaine, Jacques Dennemont, Carole Dréant, Thierry Garet,
Vincent Gauthier, Antoinette Guedy, Yves Jouffroy, Nicolas Lopez, Guilhem Loupiac, Nicolas Luquin, Franck Sanna, Philippe Seurin et Catherine Van Hecke.
Alors que la paix règne sur la maison d'York, Richard de Glocester, le frère cadet du roi Edouard IV, né difforme, estropié et contrefait, mais aussi subtil, fourbe et traître, à défaut de dérivatifs guerriers, verse dans le mal avec une énergie inflexible : "Puisque je ne puis être l'amant qui charmera ces beaux temps parleurs, je suis déterminé à être un scélérat et le trouble-fête de ces jours frivoles".
Il fomente alors le dessein d'accéder au trône en éliminant tous ceux qui le précèdent dans la lignée et en ralliant à sa cause les politiques ambitieux. De manière éblouissante avec une analyse des caractères imparable, Shakespeare trace dans "Richard III", son parcours, frayé dans le sang jusqu'à l'intervention de la justice immanente.
Dans un registre proche de celui du cinéma expressionnisme allemand, Jean-Pierre Muller a opté pour une judicieuse et réussie mise en scène sombre comme l’esprit de l'assassin despotique qui erre dans un royaume d'ombres avec pour seul décor le jeu de clairs-obscurs.
Entouré d'une remarquable distribution de qualité et chevronnée, Philippe Seurin, habité, donne de Richard III, homme sans amour pour son prochain, même pour sa propre mère, incapable d’éprouver un sentiment, mais prédisposé à les simuler tous, et passé maître dans le machiavélisme et l’analyse du cœur humain, une incarnation fascinante, pathétique et redoutable.
Il se joue de tous, balayant le roi malade (Gérard Cheylus), l'innocent duc de Clarence (Thierry Garet), le premier ministre Lord Hastings (Yves Jouffroy) et même le puissant duc de Buckingham (Vincent Gauthier).
Seules les femmes, superbes figures, manifestent clairvoyance et résistance, dénonçant le tartuffe démoniaque dans des scènes d'une puissance remarquable. Si la douce Lady Anne (Carole Dréant, très émouvante) se laisse abuser au terme d'une scène étonnante, il n'en va pas de même de la reine Elisabeth qui défend chèrement sa position et sa famille (Anne Barthel parfaite).
Et la confrontation atteint son apothéose avec la reine Margaret qui a été destituée (Catherine Van Hecke hallucinante en pythie assoiffée de vengeance) et sa mère, la duchesse d'York, qui déclare prier pour ses ennemis (Antoinette Guédy grandiose en imprécatrice virulente).
"Richard s’est parjuré, il doit être trahi ; Richard a usurpé, il doit être déchu : Richard a tué, il doit mourir". (François-Victor Hugo)
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