Pour sa première exposition en tant que pays indépendant, la Serbie a choisi Mrdjan Bajic, artiste plasticien confirmé, qui participe pour la 2ème fois à la biennale de Venise, capable de présenter une oeuvre ancrée dans la tradition nationale tout en étant complètement investi dans le présent, de manière à montrer et à faire reconnaître l’art serbe longtemps écarté de la scène internationale.
Ce choix paraît d'autant plus judicieux que Mrdjan Bajic a toujours oeuvré avec une vraie conscience politique en menant une réflexion sur le positionnement de l'art et le rôle de l'artiste notamment en période de conflit historique. Tête de file du postmodernisme, son nom est d'ailleurs associé à la "walk on the wild side" des années 80.
Son exposition "Reset", conçue en 3 volets, se présente à la fois comme une réflexion rétrospective sur son travail et contemporaine sur le fondement et le sens de l'art comme vigie et contre pouvoir par rapport à une idéologie dominante.
Elle commence dès l'entrée avec une de ses sculptures monumentales, qualfiiées de "sculptotechture" (par référence à l'absence d'humanité de l'humain).
Placée en hauteur, elle incarne son projet artistique et activiste "Yugomuzej" qui consistait en la création d'un musée virtuel imaginaire des objets destiné à explorer l'histoire et la mythologie nationales.
A l'intérieur du pavillon , "Back up" regroupe tout un ensemble de dessins, notes et documents divers qui retracent le processus créatif de l'artiste qui aboutit à l'édification de sculptures surréalistes monumentales qui paraissent en équilibre instable.
"Reset" regroupe plusieurs de ces "sculptotectures" anthropomorphiques, parfois non dénuées d'ironie au second degré, toujours porteuse d'un propos socio-politique réflexif.
Comme cette tête de mort en rouage métallique dont le cerveau est composé de bleus de chauffe ("I'll give you, what I don't have") ou l'ange blanc byzantin allégorie de la liberté tombée sur la tête ("Angel") qui se réfère également à l'opération militaire de l'OTAN dans les environs de Belgrade qui avait été intitulée "Merciful angel".
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