Comédie de Becky Mode, mise en scène de Stephan Meldegg avec Eric Métayer.
Dans "Des cailloux plein les poches", joué dans ce même lieu du Théâtre La Bruyère sous la direction de Stephan Meldegg, Eric Métayer avait déjà tâté de la pluralité de rôles face à Christian Pereira. Fort de cette heureuse aventure qui avait rencontré un beau succès, il "repique au jeu", mutatis mutandis, avec "Un monde fou" une comédie douce-amère de Becky Mode.
Avec toutefois la barre placée un peu plus haut puisqu'il s'agit d'une pièce dans laquelle, seul en scène, il interprète une trentaine de personnages. Mais Eric Metayer, qui a fait ses classes dans l'impro et qui, fils d'Alex Métayer, a de qui tenir, relève avec brio ce défi.
Certes l'exercice n'est pas nouveau puisque, par exemple Philippe Lelièvre s'y était attelé dans "Givré !" ou, encore actuellement à l'affiche, les comédiens multirôles dans "Le tour du monde en 80 jours" monté par Sébastien Azzopardi. Mais il suscite toujours un grand enthousiasme chez les spectateurs qui sont toujours interloqués par la performance d'acteur.
Cela étant, il faut ici dépasser le stade de la performance pour apprécier la prestation d'Eric Métayer qui montre, avec le personnage du "fully committed" Sam, selon le titre original de la pièce, l'étendue de son répertoire, de l'émotion au rire.
Comédien à la petite semaine qui courre les castings, Sam est fondamentalement un gentil. Naturellement et affable, il se laisse envahir par sa famille, mener en bateau par son agent artistique, tyranniser par son patron et exploiter par ses collègues. En attendant le rôle de sa vie, il galère comme standardiste. Relégué au sous sol d'un restaurant réputé, il est chargé des réservations, poste délicat qui en fait le bouc émissaire tout désigné, en cas de problème, tant de ses collègues que des clients.
Au cours d'une matinée ordinaire, qui connaîtra cependant quelques rebondissements, il doit composer notamment avec les exigences des VIP et les excentricités du showbusiness, rendre compte des erreurs commises par d'autres et trouver une solution pour régler les problèmes des autres.
Sous la houlette de Stephan Meldegg, Eric Métayer parvient à maîtriser cette fresque étourdissante qui prend des tournures de comédie humaine, avec une peinture de mœurs en filigrane, en donnant à chaque caractère, souvent haut en couleurs et dont la plupart revient de manière récurrente, une belle épaisseur.
Ce spectacle, tourbillonnant et divertissant, indubitablement placé sous le signe de la comédie est également ponctué d'épisodes plus graves qui lui donnent de belles respirations.
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