Depuis Joe Dassin, la France n'a pas vraiment connue d'artiste capable de mêler pop à la française (variété dit-on globalement) et americana estampillé USA. Mais Joe n'était il pas à moitié américain ? Ca aide (ou ça légitimise le geste, comme on veut).
On ne sait si Alexandra Roos a, elle aussi, du sang de cow boy (ou d'indien) dans le sang mais il se trouve que depuis ses premiers pas musicaux, elle s'attache à cette ambiance sonore entourée même parfois de noms comme Joey Burns de Calexico qui, pour le coup, apporte un peu de crédibilité sur le CV de la jeune fille.
Quoi qu'il en soit, les textes sont bien en français, parlent de banales histoires de tous les jours, d'amour et tout le tremblement avec une platitude qui confine à l'exercice de style.
"Tout est fini" serait parfait en générique de "Sous le soleil", par exemple, avec un petit côté années soixante dans les guitares en plus. "Centre commercial" est lui aussi intéressant dans le sens où l'on découvre en même temps une certaine idée de la chanson réaliste et une sorte de poésie urbaine et quotidienne que l'on pensait être chasse gardée de Benabar.
Il y a pourtant sur certains titres un côté Walkabouts prometteur comme l'improbable "N'as tu jamais rêvé" en duo avec Julien Clerc, sans doute le meilleur titre du disque. "Huit de pique" se décoince aussi un peu mais sans vraiment convaincre malgré ses guitares plus acérées.
Au-delà de ça, il est clair que les textes trop légers et les mélodies un rien ennuyeuses ("Dirty song","Antonioni" qui a bien du mal à imposer son ambiance pourtant minutieusement décrite) ne feront pas de cet album un inoubliable. Juste un bon disque de variété et ce n'est pas si mal de nos jours.
En 2004, l'éminent Arnaud Viviant écrivait à propos d'Alexandra Roos "Alexandra serait une chanteuse de rue si les rues existaient encore. Elle serait une chanteuse de bal populaire, elle monterait sur les tables avec des nappes en papier pour chanter" ... Tout est dit. |