Il a perdu du poids Frank Black. Depuis 1991 que les Pixies n'ont plus sorti de disque, depuis leur parodie de reformation aussi, le temps de quelques concerts nostalgiques aux airs de radio crochet, qui n'a pas fait illusion longtemps.
Il a perdu du poids après en avoir pris beaucoup, exagérément même il fut un temps.
Aujourd'hui, l'ami américain revient donc léger comme un poussin sorti du nid (à 100 kilos près). Mais peu importe son physique d'éternel ado en vérité car si Frank Black s'est allégé, c'est bien au-delà de son apparence corporelle.
D'abord, il revient à son nom "de jeunesse". Exit donc Frank Black et vive Black Francis, le retour.
Changement de nom peut-être pas si anodin quand on écoute le disque. Car jamais album du garçon n'aura sonné aussi Pixies.
Dégraissage quasi complet aussi du côté des guitares et de la voix. Lorsque Black Francis se met à hurler, c'est pour une bonne raison comme sur "You can't break a heart and have it" sur lequel on retrouve toute l'énergie d'il y a bientôt 20 ans, malgré une voix un peu moins féroce.
Mais quand bien même soit elle canalisée, de l'énergie il en a et des titres comme "Captain Pasty" en sont la preuve. Lancés à toute allure les mélodies tentent de garder le rythme de la musique, guitare et batterie luttant pour garder la tête de la course comme au bon vieux temps de "Velouria" ou "Monkeys goes to heaven".
Oublié pendant quelques albums gueulards et country, cette inimitable recette fait mouche à coup sûr. Un régal de découvrir "Threshold apprehension" et ses choeurs ou encore "You mouth into mine", pixisants à souhait sans pour autant faire dans la redite pathétique.
Pas tout à fait soulager de ses démons country blues, ce cher Francis se laisse parfois un peu aller mais avec suffisamment de parcimonie pour que cela reste agréable ("Angels come to confort you" donnant un peu d'air à l'album et d'oxygène à son interprète diront les mauvaises langues).
Black Francis est de retour et son alter ego(centrique) braillard de Frank Black risque de ne pas beaucoup nous manquer. Car oui, Bluefinger est enfin l'album des Pixies que l'on n'attendait plus et remonte le niveau des productions à l'emporte pièces publiées ces derniers temps par leur leader. La continuité dans le changement comme dirait l'autre.
Il a perdu du poids Frank Black... Mais Black Francis a repris du muscle ! Espérons qu'il continue l'exercice encore un peu… |