Sorti d’un concert de fin d’après-midi pas forcément adapté à leur musique, le groupe de Brighton se penche quelques minutes sur la genèse de cet album acclamé un peu partout, des dancefloors aux salons luxueux. Rencontre.
La première chanson de l’album Ankle Injuries, fait la part belle aux batteries, on a presque l’impression qu’elles dansent en chantant…
David Best : C’est une vieille chanson, écrite voilà 4/5 ans. Nous étions d’abord parti d’une ligne de clavier, puis les mots se sont posés dessus.. Disons que c’est une mesure très répétitive, inspirée d’une batterie de Neu !, le groupe allemand. Et la sauce a pris ! Steve (batterie, production) est très doué pour cela.
Matt Hainsby: Les mélodies me rappellent celles de Robert Wyatt, quelque chose de très simple.
David Best : Nous n’aimons pas les choses trop compliquées musicalement parlant. Pas trop du genre Aphex Twin avec plein de notes à la seconde (rires) ce n’est pas nous…
Justement, votre formule live, un trio avec des machines et des boucles, est assez épuré, simple, centré sur les chansons. Vous semblez assez statiques alors que la musique est extraordinairement prenante. Paradoxal !
David Best : Lorsque nous avons débuté voilà 8 ans, la musique que nous écoutions était déjà très simple. Nous avons alors décidé que c’était les chansons les chansons qui devaient être mises sur le devant de la scène, nous n’aimons pas nous montrer.. encore moins les solos outranciers avec platform boots (Rires) !
Un nombre croissant de médias placent Fujiya & Miyagi dans le retour du krautrock, à cause de votre sens du rythme et des batteries hypnotiques à la Can.. Au final, lorsqu’on entend Collarbone, on pourrait presque se dire que vous faites plutôt du Kraut-pop non ?!
David Best : Parfaitement d’accord avec toi. Tu sais que les médias aiment catégoriser les groupes dans des cases.. Certaines de nos chansons sonnent folks au départ, mais avec notre filtre cela devient très différent ! Je veux dire, j’adore Robert Wyatt et Serge Gainsbourg, Can aussi bien sûr... Mais les productions de Timbaland me fascinent également. Tu vois on pourrait très bien dire que nous faisons du R&B finalement…
Votre façon de chanter reste tout de même assez unique. Ce n’est pas du chanter, ce n’est pas parler, à la limite du talkover Gainsbourien.. Vous aimez susurrer les mots plus que les chanter ?!
David Best : C’est d’abord parti de mes capacités vocales limitées (Rires) ! Lorsque nous avons commencé à jouer ensemble, j’ai naturellement commencé à chuchoter les paroles que j’avais écrites, et nous nous sommes rendus compte que cela collait bien aux rythmes intensifs et métronomiques. Les chanteurs que j’aime n’ont pas forcément des voix exceptionnelles : Johnny Rotten, Mark E. Smith de The Fall, David Byrne. Mais j’adorerais chanter comme Prince !
Je sais que vous êtes assez proches de notre équivalent français, Steeple Remove (Excellent groupe shoegaze de Rouen, NDLR), Des collaborations sont-elles prévues, des guests ?
David Best : Ce n’est pas encore prévu, mais effectivement nous adorons leur musique, j’aimerai bien rejouer avec eux sur nos prochaines dates. Je peux parfaitement déceler dans leur musique les éléments que moi-même j’affectionne. Un peu de Suicide, Ride, My bloody Valentine. Nous aimons beaucoup également le groupe Stereolab.
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