"Séparé par la haine, réuni pour la vengeance". Le duo parisien n’en finit plus de faire parler de lui, écœure les uns, passionne les autres.
† (prononcez Cross en anglais) a déjà dépassé ses créateurs, et l’objet devenu produit marketing mondial, mais Gaspard Augé et Xavier de Rosnay semblent encore garder la tête froide avant leur programmation en tête d’affiche de cette première journée.
La route du Rock est traditionnellement considéré comme un festival de rock indé’, votre présence ici en tant qu’artiste électro vous donne-t-elle une pression supplémentaire ?
Xavier de Rosnay : Disons qu’on n’arrive rarement super confiants sur un concert, nous avons un peu moins la pression qu’à Astropolis la semaine dernière, mais quand même…On ne sait jamais à quel public nous allons avoir affaire. Mais depuis le début nous avons plus un public pop, rock et indé, alors qu’il me semble que nous agaçons le public électro.. La pression était donc plus sur Astropolis qui est un gros festival électro.
Pour revenir sur le rock, vous vous dites pas mal influencés par le métal, que cela soit dans la production ou même dans vos tenues. Comment cette passion se traduit-elle dans la musique de Justice ?
Gaspard Augé : Le métal fait parti de ce que les jeunes des 90’ écoutaient, Metallica, tout ces groupes, avec pas mal de distorsion..
Xavier de Rosnay : Et en même temps le métal véhicule quelque chose de très baroque, très dramatique. Je pense que le métal c’est technique brutale, baroque et dramatique. Je pense que nous avons des morceaux comme ça.
Ce premier album laisse apparaître de nombreux points communs avec les prods’ de Daft Punk, des effets bitcrushing, de la surcompression…. Ca vous lasse les comparaisons avec Daft?
Xavier de Rosnay : La compression déjà c’est l’effet de base dans la musique électronique. Pareil pour la surcompression ! Alors l’écriture "Daftpunkienne" je ne vois pas le rapport.. Tu prends un morceau comme "Stress" ce n’est pas du Daft. Comme ce sont des enregistrements studios, rien n’est forcément accidentel puisque même tous les accidents audibles relèvent d’une décision de les conserver. Il ne peut pas y avoir d’erreur accidentelle. La plupart du temps lorsque je demande aux journalistes pourquoi il nous compare à Daft Punk, ils sont incapables d’argumenter. Nous ne renions pas la filiation, mais nous n’avons pas une écriture daftpunkienne.
On a put lire dans la presse que vous travaillez énormément avec le logiciel GarageBand d’Apple, qui est majoritairement utilisé par des groupes de rock. Ce logiciel vous aide-t-il à sonner rock, est-cela la clef de la réussite ?
Xavier de Rosnay : Oui on l’utilise beaucoup… Mais je n’ai pas l’impression que ce logiciel soit "rock", en dehors du fait que l’icône soit une guitare… Je ne crois pas qu’il y ait un logiciel rock ou techno. Tu peux faire des pop-songs avec Cubase.. Non désolé ça ne vient pas de là !
Vous tournez énormément en ce moment, aux USA, au Canada, etc… Adaptez vous votre set aux différents pays où vous jouez ?
Xavier de Rosnay : Non pas vraiment. Nous adaptons plus notre set au public devant lequel nous jouons. Il nous arrive de donner des sets dans des soirées électro pointues où nous allons balancer des morceaux de rap ou de variet’ françaises. Et au contraire dans les soirées guindées nous allons lancer des sets plus violents… L’adaptation est là. Après nous trouvons les publics relativement similaires d’un pays à l’autre. Ce qui est plutôt un bon signe, les gens sont prêts à accepter la musique telle qu’elle est. Les adaptations ne sont pas tant des concessions que des changements de style en fonction des moments.
Quel est le processus de création de vos morceaux ?
Xavier de Rosnay : De manière assez scolaire finalement, toutes les compositions sont basiquement très simples, composées en piano-voix, d’ou une force pop du fait des mélodies simples. Nous essayons de jouer sur des ficelles super simples, être heureux, triste, danser et faire la fête, les jolies voitures et la brillantine…..Au final la seule chose électronique dans Justice c’est le processus de production, le fond musical est pop et rock. Nous ne vivons pas dans un dilemme interne où nous nous demandons si nous "sonnons" rock ou électro.
Jusqu’à présent nous avons eu la chance de savoir que chaque morceau crée était destiné à être sorti et diffusé. La première fois nous avons eu trois semaines pour sortir le morceau. Au départ nous étions graphistes tout de même, et les rencontres nous ont mené là, mais je sais que si demain tout s’arrête, que les compositions ne sont plus là, nous sommes prêts à faire autre chose en rentrant à Paris.
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