Oser mélanger
les Tindersticks, Yann Tiersen et des textes en français
n' était pas chose facile mais s' avère plutôt réussi
chez les Hurleurs.
Le nom du groupe, avec une réminiscence des groupes "alternatifs"
de la fin des années 70, époque bénie (mais pénible)
du punk français n' inciterait pas, a priori , à acheter l' album.
Et pourtant ce n' est absolument pas le cas. Ni chanson française à
grosses ficelles, ni rock anglais, certains disent que les Hurleurs est le seul
groupe français à pouvoir rivaliser avec les Tindersticks ou Nick
Cave...
Impossible de ne pas songer aux Tindersticks avec l'introduction de "Blottie"
composée de nappes de violons épileptiques et de cuivres, d' ailleurs
Stuart Staples a chanté sur cet album ... quel heureux hasard... Parfois
l' ambiance se dissipe un peu et fait discrètement de l' oeil au duo
Dominique A / Françoise B. sur "le Dialogue".
La voix du chanteur (proche de celle de Lavilliers jeune.. oui je
sais j' aurais dû dire Rodolph Burger pour être politiquement
correct mais c' est quand même Lavilliers qui s' est imposé en
premier) se pose tout à fait bien sur la musique et les textes écrits
en français n' ont pas à souffrir du vilain syndrome "chanson
française populaire niaiseuse" (on est beaucoup moins tolérant
quand on comprend les paroles au premier coup d' oreilles). Du début
à la fin, les chansons qui s'enchainent nous plongent dans une atmosphère
noire sans être glauque, un brin chaloupée parfois, juste assez
pour éclairer l'ensemble sans risquer l' aveuglement. Le cd de bonus (si vous avez la chance de trouver l' édition en double
cd) est composé de reprises fort bien exécutées, notamment
le célèbre "India Song" dans une ambiance sonore
envoûtante tout à fait réussie. Si je vous dis que l' album a été produit par Ian Caple
(derrière les manettes pour les plus grands, de Suede aux Tindersticks,
de Echo and the Bunnymen à JJ72, mais aussi Bashung ou Autour de Lucie,
....) et que son travail habille parfaitement les mélodies des Hurleurs,
il ne vous reste qu 'à faire comme moi ... passer le disque en boucle. |