Un album de remix appelle souvent des inquiétudes voire des sourires taquins tant l’exercice est les plus souvent bâclé voire sans intérêt. Il existe, il est vrai de véritables réussites : somptueux One trip one noise (Noir Désir) et autres bijoux glanés ici ou là sur des maxis des uns et des autres.
Quand un membre de la scène électro (le terme n’est peut-être pas le plus approprié) se fait remixer voire se remixe lui-même, on s’interroge. Quand le dit bonhomme est le Québécois Champion, on écoute avec attention.
Après le somptueux Chill'Em All et ses époustouflantes prestations scéniques, on est en droit d’attendre une belle réussite importée directement du pays des caribous.
Le premier titre est plus que rassurant, c’est un véritable coup de foudre, voire un doux rêve : la rencontre de Patrick Watson et de Champion. Le résultat est tout simplement superbe, la version de "Guy Doune" proposée par Watson est renversante. Les pianos subtils et la voix magique du nouveau prodige canadien touchent au génie et à la grâce.
La suite n’est pas mal non plus avec ses huit titres contrastés, revisitant les originaux sans jamais les dénaturer, apportant une nouvelle écoute ou vision, complément remarquable des premiers. Groovy et sexy sur "Two Hoboes" version Mocky ou très remix standard version Detroit Grand Pubah's, noisy sur "No heaven" de Ghislain Poirier, les remixs s’enchaînent et ne se ressemblent pas.
Champion s’autoremixe pour notre plus grand plaisir avec une version tout simplement énorme de "Keep on" à coup de guitares acérées et une version électro-foutraque de "Chill’em’all". Pas de nombrilisme, simplement du talent ou l’art de revisiter merveilleusement ses propres compositions.
Certes The remix album propose un ensemble assez inégal mais il ravira autant les aficionados que les néophytes. Œuvre à part entière de la discographie du Québécois, cette galette est à écouter d’urgence, ne serait-ce que pour la version de "Guy Doune" par Patrick Watson et les deux "himself remixs". Ça c’est Champion ! |