Festival ensoleillé dans tous les sens du terme et à la taille encore humaine, le Bout du Monde s'est de nouveau installé à la pointe bretonne pour sa huitième édition. Une fois n’est pas coutume, la programmation a ravi les jeunes et les moins jeunes, la presqu’île de Crozon vivant aux sons de la musique métissée. Un des intérêts de ce festival est notamment la programmation des "petites scènes", le chapiteau et la scène François Kermarrec.
C’est dans ce cadre que se font les meilleures découvertes et les plus belles révélations, laissant la grande scène aux artistes confirmés ou confinés pour certains.
Le vendredi commencera tard pour ma pomme coincée dans les embouteillages et ratant ainsi la prestation de Ridan. Passons, il y a eu d’autres belles choses à se mettre sous la dent.
On retient notamment la générosité des Toulousains des Bombes 2 Bal et de leur bal indigène. Générosité dans l'ensemble assez mal récompensée, la grande majorité du public préférant le pogo aux danses en cercle.
Un peu de crispation sur scène pour le combo de Toulouse pourtant charmant mais une belle ambiance festive, idéale pour se mettre en jambe.
On passe sur les petits couacs (pauvre Laurent Voulzy !) et on relève l'excellente création La Route des Fils du Vent, superbe moment de rencontre des cultures tziganes et gitanes.
Enfin, la soirée s'est achevée parfaitement en compagnie des Babylon Circus qui fêtaient la dernière date de leur tournée française. Energiques et détonants, de quoi se revigorer un peu avant de reprendre la voiture.
Grosse journée et grosse programmation le samedi avec du lourd : les Ogres de Barback, Abd Al Malick, Arno, Tinariwen et Cesaria Evora.
Quelle fabuleuse idée de confier l'ouverture de cette deuxième journée à la fratrie Bruguière. Pourtant la grande influence n'était pas acquise à cette heure avancée de la journée.
Mais voilà, un concert des Ogres de Barback, cela ne se refuse pas.
Invitation à la fête et au sein même de leur famille, le dernier spectacle des Ogres est une pure merveille : du décor aux machineries, le répertoire du groupe tantôt apaisé, tantôt festif.
Le public était conquis par cette générosité et cette simplicité. Sans conteste un des meilleurs concerts du festival.
Direction la scène Kermarrec ensuite pour aller écouter le groupe touareg de Tinariwen.
Belle découverte pendant et après le concert (autour d'un thé à la menthe !) et une très belle rencontre musicale et humaine.
Autre lieu et autre ambiance avec la splendide prestation d'Abd Al Malick sous le chapiteau. Remarquablement accompagné par des zicos à la culture très jazzy, la nouvelle coqueluche française a assuré un set d'une rare intensité, soulevant et dynamitant un chapiteau rempli jusqu'au dernier recoin. Mes réserves d'avant concert s'envolèrent très rapidement vu le phénoménal concert et la grande classe de l'artiste. Chap(it)eau bas Monsieur.
Après les prestations de la classieuse Cesaria Evora, la fin de soirée s'est poursuivie avec l'indéboulonnable rocker belge Arno qui a apporté son côté déglingue et un souffle de rock'n roll en cette soirée estivale. Sacrément bon, le public s'en donnait à coeur joie pour reprendre les refrains de "Les filles du bord de mer" et de "Putain putain". Belge fin de soirée en somme.
Le dimanche rebelote avec une excellente ouverture : Java vs Winston McAnuff. Concert en trois temps ou devrais-je dire en trois rounds, chaque partie étant introduite à la manière d'un combat de boxe.
Rwan chanteur de Java, a ouvert le bal avec les titres de son album solo Radio Cortex. Monté en puissance progressivement, le titi parisien laissa la place au king du reggae Winston McAnuff accompagné par les zicos de Java.
Le résultat étonnant et très plaisant : du java reggae ou du dub musette. L'apothéose du concert déjà remarquablement engagé fut le set dévastateur de Java.
Drôle et efficace à souhait, tout y est passé : le très bon répertoire du groupe ("Sexe accordéon et alcool" repris par le public, "Le poil", "Pépette"...), un public en transe, le groupe invitant sur scène quelques un(e)s pour un tour de valse. Décoiffant !
Décidément, les premiers concerts de cette édition resteront dans les mémoires. Ce dimanche d'août ne sera plus le même après cela. On retient bien sûr le concert intergénérationnel du toujours jeune et sympathique Pierre Perret, accompagné par le public et une chorale d'enfants de la région. On souligne également la prestation des mythiques Jethro Tull. Mais bon, la claque était définitivement programmée en début d'après-midi.
Bon festival à la programmation à la fois exigeante et grand public, le Bout du Monde nous a encore offert de très beaux concerts et de bien belles découvertes. Seul regret ce côté fête de la bière ou l’impression parfois que la musique n'est qu'un accompagnement.
On soulignera l'initiative "Développement durable" des organisateurs qui ont opté cette année pour le gobelet réutilisable (opération "Un p'tit verre pour la Terre") évitant ainsi les tapis de plastique en fin de soirée. Malgré les petites déceptions d'usage, le festival du Bout du Monde reste une valeur sûre des rendez-vous musicaux de l'été.
A l'année prochaine donc pour la neuvième édition ! |