Les rayons de rock indépendant désormais remplis de cadors argentés, on apprécie avec délice la sortie du - peut-être - meilleur album de l’année par des New-Yorkais quasi inconnus.
La preuve ? Fiery Furnaces n’a que 2 824 amis sur myspace. Mais Widow city devrait en séduire dix fois plus, rassurez-vous. La raison essentielle ? Ce quatrième album est le chainon manquant entre Sergent Pepper et la musique moderne. Rien que ca.
Un geste quasi punk, déjà, que de mettre une chanson de sept minutes en ouverture, teinté de psychédélisme rock & roll et d’envolées pop de haut vol sur des guitares très Berlinesque. Lou Reed appréciera. "The Philadelphia Grand Jury" se décompose (comme les grands classiques pop, de Good Vibrations à A day in the life) en mouvements, ballet, ascensions et chutes. Pas le genre de chanson composée au bord au lit en 15 minutes. Matthew et Eleanor Friedberger, frère et sœur, n’y ont pas été de main morte. Ah ca non.
Il règne sur cet album un doux parfum d’incrédulité : "«Est-ce une blague, ne s’agit-il pas d’un groupe des années 60 ressorti de l’oubli par un producteur surpuissant ayant égalisé tous les niveaux ?". Sur "Duplexes of the dead", la question prend tout son sens. Fiery Furnaces vient simplement de foutre un énorme coup de pied au - large - derrière de Jack White.
Synthés étranges, envolées de violon, batteries lourdes et basses qui tourne. C’est presque trop en 2007, le cœur ne pourra peut-être pas suivre. Car le rock n’est chez les Fiery Furnaces qu’une doublure, le faux duo n’hésitant pas à lorgner vers le rap. Enfin l’énergie rap, sur "Clear signal from Cairo". Puis l’electro de salon électrique sur "My Egyptian grammar", histoire de brouiller les cartes.
Widow city est donc un pont. Artisanal et solide. A la fois très urbain, américain, et terriblement européen. Inconsciemment, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait été la musique de Lennon en 2007. Voila surement un début de réponse ("Japanese Sleepers"). La bande de Fiery Furnaces sort d’une part un album totalement moderne, sans nier ses influences, puis de l’autre coté parvient à imposer 16 pistes parfaites lorsque d’autres peinent à signer un single.
Folle impression que les New-Yorkais ont été enfermé dans une chambre à jouets, avec pour consigne de s’amuser, et "surtout de s’amuser avec tous les jouets hein, on vous donne 3 mois". Le résultat, incroyable, ferait presque oublier que les années 60 ont exister. Pas une mince affaire par les temps qui courent.
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