Comédie de Molière, mise en scène d'Alain Gautré avec Elya Birman, Florent Fichot, Steeve Gonçalvez, Marion Jamet, Sophie Lepionnier, Teddy Melis, Pierre-Yves Massip et Solveig Maupu.
Alain Gautré, fondateur du Chapeau rouge dans les années 70, connu pour son travail autour du clown a choisi de monter un "George Dandin" clownesque bien sûr, mais pas uniquement...
Devant la maison biscornue de Dandin (superbe scénographie d'Orazio Trotta rappelant les films d'animation de Tim Burton) se joue le drame de ce paysan parvenu. Car c'est bien de drame dont il s'agit, le metteur en scène ayant accentué le côté sombre de cette pantalonnade et axé la pièce sur le calvaire de cet homme rugissant mais impuissant, dindon pantelant et hagard d'une farce contre laquelle il ne peut lutter.
Situant l'action quelque part vers 1900 dans un univers fantastique et baroque, il propose une version burlesque et décalée empruntant tantôt aux films muets, tantôt au théâtre Nô ou à Jacques Tati. Et l'on assiste à une véritable fantaisie visuelle où les corps parlent avant les mots et où les anachronismes n'empêchent pas la lecture fidèle du texte de Molière.
Le "George Dandin" d'Alain Gautré est un patchwork chatoyant aux multiples facettes comme ce Clitandre, canotier sur la tête, faisant des acrobaties à vélo ou cette Angélique au teint pâle jouant comme dans un mélodrame du début du siècle dernier.
Le côté clown est assuré par les couples : Lubin-Claudine virevoltants et les de Sottenville dont les acteurs jouent chacun le sexe opposé pour souligner la caricature. Quant à Dandin (formidablement bien campé par Elya Birman) berné par tous, il est pathétique et donne finalement presque envie de le plaindre dans cette farce cruelle qui décrit sa chute annoncée. |