La multi-instrumentiste (excusez du peu) des Cowboys fringants n’aime pas l’inaction. Après avoir terminé une longue tournée pour le dernier album du groupe et avant de se mettre au travail sur leur prochain opus, la jeune femme a décidé de réaliser son premier album solo Au bout du rang, projet qui la taraudait depuis un bon moment déjà.
Marie-Annick Lépine est donc la première cowboy fringante a sauter le pas. Dans l’album La grand messe, elle tenait déjà le lead-vocal d’une chanson ("Ma belle Sophie") qui dénotait cependant quelque peu par l’atmosphère plus lourde et la musique beaucoup moins festive qu’à l’accoutumée.
Mais cela avait permit d’entrevoir une nouvelle facette de la demoiselle qui présageait de ce que pourrait être son projet solo.
Et en effet, avec le bout du rang, Marie-Annick Lépine présente ici un album intimiste, éloigné de ce qu’elle faisait précédemment tout en conservant sa frénésie musicale, puisqu’elle n’y joue pas moins de 13 instruments différents.
Contrairement à la chanson française, la chanson québécoise ne cherche pas forcément à faire dans le beau, l’esthétique. Elle raconte des histoires, sans se préoccuper outre mesure de la forme, un peu comme on raconterait une histoire autour d’une tasse de café.
Ainsi, utilisant la première personne, elle pousse la personnalisation des chansons à son maximum, se dévoilant avec une sincérité toute naïve. Empreinte d’une certaine candeur et d’un brin de nostalgie, Marie-Annick se découvre dans ses chansons très personnelles, comme autant de messages adressés.
Dans un registre folk-country, la québécoise nous parle de son amoureux ("Si je ne t’aimais"), de sa prime jeunesse ("La belle époque") et de sa grand-mère qui perd la mémoire ("Douce Mamie"). Dans cette dernière, introduit par un air chanté par son aïeule, elle raconte avec tendresse l’histoire de sa mamie qui n’a gardé en mémoire que son premier amour.
Des chansons comptines ("Le cœur gai", "J’aurai vu la mer") plus légères, qui ressemblent à des ritournelles pour jeunes enfants égaient un peu l’ensemble mais n’oubliant pas le côté revendicatif, très présent chez les cowboys fringants, Marie-Annick fait également un constat social ("Les mines du Nord") et dénonce l’injustice de l’argent ("Cette justice").
Des chansons confessions portées non pas par une grande voix mais plutôt par un doux chuchotement à l’oreille. Un album simple, tout en lenteur et en douceur, pas démonstratif pour deux sous, mais terriblement sincère. |