En retard donc, dans la queue une discussion s’engage, avec trois personnes vantant les mérites du premier artiste Seasick Steve. A l’intérieur, ce dernier a déjà commencé.
La première chose qui frappe c’est qu’il a une vraie gueule, en salopette de jean, chemise à carreaux, tatouages et barbe. Le regard hirsute, Steve parle beaucoup.
Il raconte son histoire, faite d’alcool, d’enfance difficile, mais comme tous les bluesmen, ce n’est pas la misère qu’il conte, simplement sa vie qu’il à mise en musique.
Assis, avec pour seul accompagnement ses guitares (dont une à plus de quarante ans) et une caisse en bois pour marquer le rythme à ses pieds, il hypnotise complètement son auditoire
Il choisira une jeune fille dans l’assistance pour une chanson d’amour, boira une rasade de whisky avant de nous conter son histoire en cellule de dégrisement, façon good old south.
Prendra un air rigolard en expliquant être déjà venu jouer à Paris, mais dans le métro. Les gars de l’entrée avaient raison, c’est un monument, un coup de cœur enthousiasmant.
Changement de style avec Patrick Watson, on est déjà plus au nord, il fait plus froid dans l’univers musical de ce groupe originaire du Canada.
Les quatre barbus (un fait exprès ?) jouent une pop rock éthérée et vaporeuse, lardée de moments plus chaotiques qu’ils maîtrisent à merveille.
Le son est presque parfait, les musiciens à l’aise et visiblement très heureux d’être là, ils donnent au public tout ce qu’ils ont et bien plus encore.
Les petites perles mélodiques s’enchaînent, au grand ravissement d’un public de connaisseurs aux anges. Les canadiens feront participer l’auditoire à une ballade, durant laquelle un chef d’orchestre leur soufflera paroles et tempo. Une communion très appréciable qui étonnera Jack Penãte, venu en voisin.
L’atmosphère de la Boule Noire est saturée de chaleur et de fatigue. Le quatuor Montréalais terminera sur un titre de toute beauté, à l’image d’un concert, hypnotique.
La fatigue commence à se faire sentir, la moiteur ambiante y est pour beaucoup, il est temps d’aller prendre l’air avant le dernier concert de la soirée, Johnny Flynn
Là encore c’est un groupe anglais composé de cinq musiciens, multi instrumentistes. Johnny, chanteur au visage d’enfant sage, à la voix douce et claire, joue sur une dobro et de la mandoline.
Il est entouré de sa sœur Lily, vocaliste et flûtiste, d’un violoncelliste et d’une section rythmique. Leur country folk est propre, sage.
Les titres se suivent avec une retenue et un professionnalisme qui rend l’ensemble très lisse, sans relief, à part peut être le bassiste, un peu trop indiscipliné au goût du chef de bande, qui le rappellera à l’ordre.
Les réactions du public ne sont pas particulièrement enthousiastes, peut être est-ce du à l’heure tardive, la salle se vidant petit à petit. Néanmoins la qualité des instrumentistes est indéniable.
Johnny a dessiné des signes étranges sur sa main gauche, qu’il regarde entre chaque titre. Après observation, Il s’agit des repères de la position du capodastre sur le manche de sa guitare.
Cette deuxième partie de soirée aura été la plus riche en découvertes que la précédente, la scène plus homogène, indéniablement la meilleure affiche. |