Spectacle musical écrit par Alfredo Arias et René de Ceccatty, mise en scène d’Alfredo Arias avec Marilu Marini, Alejandra Radano, Sandra Guida et Antonio Interlandi.
Bonté divine ! Voici venu le temps des cadeaux et Alfredo Arias est pile poil dans les temps avec ce "Divino Amore" qui fait sonner musettes et résonner hautbois depuis les tréfonds de la salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond Point.
Doté d'une imagination féconde et débridée, cet amoureux du kitsch, de l'extravagance, du délire, du spectaculaire, qui aime le théâtre, le surjeu, la scène, les comédiens, et tous ceux sur lesquels souffle un vent de folie et règne la démesure, a concocté avec son fidèle complice, le romancier et dramaturge René de Ceccatty, un spectacle "décoiffant" qui fait fi des règles du jeu et invite le spectateur à en faire autant.
Cela commence pourtant sobrement avec un fauteuil, deux prie dieu et une nonne. Mais quand découvre que la bonne sœur à la cornette fellinienne n'est autre que Marilu Marini, coreligionnaire à plus d'un titre dudit Alfredo Arias, avec qui elle a commis, notamment, le mythique groupe TSE, tout part en vrille dans un tourbillon de folie mystico-théâtralo-musicale.
"Divino Amore" est conçu comme un hommage au théâtre, au théâtre populaire engagé proposé par de petites troupes animées d'une foi ardente (sic) et réalisé avec trois bouts de ficelle et des clopinettes. En l'occurrence, à celui dispensé dans les années soixante, à Rome, en plein règne du péplum cincecitta-esque, au Théâtre de Borgo Santo Spirito par la troupe d'Origlia Palmi spécialisés dans les mélodrames religieux qui déclenchaient l'hilarité.
L'intrigue est simple : la fameuse Origlia Palmi se remémore le bon vieux temps où sa fille jouait le rôle principal de "La tragédie de Salomé, princesse de Judée" avant de revenir en beauté noire reine du disco. Cela donne lieu à une farce où l'on retrouve ce mélange, cher à Alfredo Arias, de pathétisme léger et de frivolité joyeuse et grave avec un pastiche haut en couleurs vocales du meilleur de la pop italienne des années 60 et du disco des années 70.
Sur scène entourant l'impériale Marilu Marini, à la fois tragédienne et clown, capable d'interpréter un "Avec le temps" de Léo Ferré à pleurer pour finir sur une pitrerie, Antonio Interlandi, chanteur et danseur qui s'illustre en crooner latin, deux bombes vocales à la plastique de rêve, Alejandra Radano et Sandra Guida, également bonnes comédiennes, car rien de plus difficile que de forcer le trait, qui font trembler les cintres.
Ce divertissement théâtralo-musical baroque, mêlant rire et tendresse, qui réjouit les cœurs, parfois avec un léger pincement, et les sens est à déguster, bien évidemment, sans modération.
Et Mesdames et Messieurs les spectateurs qui franchissent le seuil de la salle sont priés de laisser leurs codes théâtraux au vestiaire et de laisser ouvert leur enthousiasme jubilatoire.
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