Le public très nombreux n'en finit pas de s'installer pour ce deuxième Cours public d'interprétation dramatique de novembre 2007.
Jean-Laurent Cochet entre en scène alors que tous ne sont pas encore assis et profite des premiers raclements de gorge des tousseurs, qui s'en donnent à pleine gorge, pour rappeler les principes de la respiration.
Il rappelle également l'exercice fondamental dans la formation du comédien que constitue la fable pour annoncer qu'aucune ne figure au programme du présent cours au grand dam des habitués.
En effet, cette Master Classe va revêtir le caractère singulier d'un cours en deux parties placé sous le signe de la poésie.
En premier lieu, Jean-Laurent Cochet revient sur le poème "Pour faire le portrait d'un oiseau" de Jacques Prévert, dont le travail avait été esquissé au cours précédent, pour le mener à son terme.
Viennent ensuite "Le grand chêne" de Georges Brassens et "Demain dès l'aube" de Victor Hugo qui permettent d'illustrer pour le public, et en aiguiser le discernement, la différence non seulement de niveau mais aussi de profondeur du travail des élèves entre ce qui est une interprétation honnête et jolie et une "incarnation". Citant un de ses maîtres, Madame Dussane, qui disait qu'un comédien devait être fidèle et efficace, Jean-Laurent Cochet précise qu'il ne suffit pas de dire de belles choses car alors on fait des choses devant des gens qui ne font rien.
Pour la seconde partie, Jean-Laurent Cochet a souhaité présenter au public non pas, simplement si l'on peut dire, des exercices d'élèves mais des élèves à la personnalité atypique.
En premier lieu, Jean-Baptiste, jeune homme au physique de Musset et Rimbaud dixit le Maître, poète lui-même qui, par un érudit montage de textes de Rimbaud, Nietzsche, Pessoa et Giraudoux, raconte au public ce qu'est un poète notamment par une exégèse du poème "Le bateau ivre". Lyrique, volubile, inspiré, exalté, le jeune homme évoque la difficulté mais aussi l'inénarrable beauté d'être au monde ainsi que la mission du poète dans la délivrance d'un message d'amour et de joie. Le public est médusé et Jean-Laurent Cochet terriblement ému par ce bouillonnement de vie, d'intelligence et de génie qui l'anime.
Puis un extrait de "Le menteur" de Jean Cocteau avec Marc-Henri. Physique à la Pierre Richard, que Jean-Laurent Cochet présente comme un hybride d'Harpo Marx et d'Harry Langdon qui va concrétiser la dilution de la frontière entre la réalité et le travail. Prestation singulière dans laquelle, effectivement, on ne sait où finit l'homme et où commence le personnage. Un personnage au comique déstabilisant, une figure burlesque entre ahurissement et pathétique.
Une fois encore, Jean-Laurent Cochet a proposé au public un cours étonnant et détonnant. Prochain rendez-vous le 3 décembre 2007.
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