Comédie dramatique de Daniel Denis, mise en scène de Mélanie Mary avec Denis Lefrançois, Anne Cazenave, Eugénie Alquezar, Roger Simic, Mehdi Lecourt, Alain Ledoaré, Orane Steinberg et Aristide Legrand.
La langue de Daniel Danis (auteur canadien qui accumule les distinctions depuis sa première pièce il y a quinze ans) est singulière - riche, colorée, poétique -, elle invente un monde fantastique peuplé de gens ordinaires dans toute leur complexité. Dans cette pièce, il est question de désirs qui s'exacerbent dans une île où le vent les attise.
Directement jeté dans cet univers, aux dialogues faits d'expressions québécoises et d'images typiquement "danisiennes", le spectateur semble déconcerté les premières minutes, cherchant à intégrer les codes et la rythmique propres à l'auteur. Cela est réalisé rapidement tant l'action est prenante, tant les acteurs sont criants de vérité et explosent sous nos yeux. Peu importe si l'on rate quelques détails, tant l'intrigue labyrinthique tisse des fils reliant tous les personnages, et nous envoûte.
Dans cette île du bout du monde, une tragédie moderne se joue sous nos yeux, les sensations sont fortes . La mise en scène de Mélanie Mary est somptueuse, électrique. Et de cet univers fracassé naissent malgré tout des moments d'espoir grâce à l'amour qui résiste à toutes les adversités et pousse sur ce terreau hostile comme une fleur sur du fumier.
Il ne manque plus à ce spectacle encore un peu frais que de larguer les amarres et de prendre sa vitesse de croisière car le potentiel est là. Tous les comédiens sont vrais, justes et généreux. Mais l'un d'entre eux, Denis Lefrançois, est comme touché par la grâce, bouleversant d'un bout à l'autre ; il porte le spectacle de sa formidable énergie et de son émotion.
Le couple qu'il forme avec Anne Cazenave (elle aussi éblouissante) est inoubliable. Et l'on sort retourné par ces amoureux modernes meurtris par le poids du passé, bouleversés par leur découverte de l'autre, criant des "au secours d'amour" que le vent va semer... |