Spectacle acrobatique d’Aurélien Bory avec le groupe acrobatique de Tanger: Jamila Abdellaoui, Abdeslam Brouzi, Adel Chaaban, Mohammed Achraf Chaaban, Abdelaziz El Haddad, Najib El Maimouni Idrissi, Amal Hammich, Mohammed Hammich, Younes Hammich, Samir Lâaroussi, Yassine Srasi, Younes Yemlahi.
Un tissu comme unique décor recouvrant entièrement la scène. Mobile et malléable, il définit à lui seul l'espace de jeu. Il devient un sol, un écran, une montagne, une ville, une tente ou encore un habit. Il se transforme pour être l’accessoire principal de l’acteur-acrobate.
"Construire un monde à partir de rien ou presque", c’est la volonté d’Aurélien Bory, metteur en scène et écrivain de ce cirque. "Taoub" (qui signifie tissu en arabe) explore des relations plus subtiles orientées sur la solidarité et la concurrence. L’interrogation se base ici sur les ressources du tissu social et familial, le Groupe acrobatique de Tanger étant composé de douze artistes issus d’une même région et surtout pour cinq d’entre eux d’une même famille.
Ce qu’il y a de fascinant c’est qu’à travers un noyau familial, il faut composer un groupe avec sept autres personnes. Pari réussi !
Les acrobaties sont très spectaculaires puisqu’elle demande une grande confiance en l’autre mais aussi une force physique et musculaire incroyable. Notamment, lorsque l’une des deux jeunes filles de la troupe marche sur ces partenaires comme sur les roches d’un flanc de montagne alors que le tissu opaque blanc les sépare n’offrant ainsi aucune visibilité.
Aurélien Bory a pour réputation le mélange des genres. Il a une façon bien à lui de réunir dans un même spectacle le cirque, le théâtre, et l’art contemporain. Dans "Taoub", non seulement les deux artistes sont acrobates mais aussi chanteurs, musiciens, acteurs et techniciens. Durant l’heure de représentation, ils chantent dans leur langue natale. Ils nous transportent corps et âmes dans l’atmosphère orientale de leur pays, le Maroc.
Chaque acrobatie est soigneusement orchestrée par des encouragements et des projections lumineuses. Parfois, ce sont des prises d’images vidéo en direct qui permettent de garder un côté artisanal propre au Maroc et à ses traditions. Les surfaces de projections sont multiples : de la djellaba blanche portée par les hommes jusqu’au protagoniste qui est le fameux tissu, unique décor. Puis, ils sont acteurs pas par la parole mais par leurs attitudes souvent comiques.
Dans chaque saynète il y a une touche d’humour et de dérision pudique. Comme lorsque des corps masculins bien bâtis en maillot de bain sont projetés sur les habits de deux jeunes acrobates. C’est en quelque sorte une étape de présentation des personnages suivie bien sûr d’acrobaties en duo.
Sans oublier qu’Aurélien Bory a créé en s’inspirant de leur culture la plupart des choses que le acrobates font dans le spectacle. Ce mélange à la fois très respectueux de leur capacité et de leur conception du spectacle fait croire aux spectateurs que tout cela fait partie de leurs pratiques traditionnelles.
Un dosage somptueux de tradition et de modernité qui rencontre actuellement un succès unanime. |