La toute première fois où j'ai entendu Ween remonte à 15 bonnes années. Il s'agissait de leur album Chocolate and Cheese à la pochette sexy kitch. Un titre notamment sortait du lot, le célèbre "Buenas tardes amigo". Un titre folk hispano anglais sur fond de fratricide.
Superbe chanson que jamais les Ween n'ont en fait égalée. Et pour cause, les frangins ne font jamais deux fois la même chose. Ce qui dans le principe est tout à leur honneur puisque leurs rares albums ne se ressemblent jamais.
De fait, là où on les attend ils ne seront jamais, préférant les chemins de traverses et les perpétuels exercices de styles. C'est terriblement vrai d'un album à l'autre mais c'est tout aussi vrai d'un titre à l'autre et ce La Cucaracha ne fait pas exception.
Ainsi ne soyez pas surpris de passer d'une country bon enfant bien terreuse autant que joyeuse ("Learnin' to love") à un rock basique et sans bavure, bien américain et gras ("My own bare hands"). Mais ce n'est pas tout, vous croiserez aussi le spectre de Neil Young, du reggae/dub ("The fruit man"), de la pop, du rock, de l'électro ou de la folk...
Ween est un juke box vivant, composant sans se poser de question tout ce qui peut leur passer par la tête. Du coup, cette absence d'identité sonore, ce mélange des styles devient presque un style à lui tout seul.
Loin des codes de compositions et encore plus de ceux du marketing, Ween vogue sur une rivière calme mais sans pagaie.
Forcément, ça n'avance pas toujours vite, pas toujours dans la direction souhaitée, on se retrouve dans certains méandres qui auraient pu être évités mais la balade est agréable et le décor plutôt joli. Alors on se laisse bercer par "Spirit walker" avec sa voix trafiquée qui prend des faux airs de David Bowie remixée par Air.
La cucaracha est un album ludique au final. Aucun titre n'atteignant tout à fait l'intensité dramatique de "Buenas tardes amigo", même pas la jolie ballade "'Lullaby", sobre mais pas forcément sans retenue, notamment vocale, mais le reste des titres est vraiment dans le ton de Chocolate and Cheese. Autrement dit, inutile, donc indispensable !
Ce nouvel album de Ween vous séduira plus à l'affect que par ses chansons inoubliables, comme la plus grande partie de la discographie de ce groupe décidément atypique et plein de surprises. |