Comédie dramatique d'Hanokh Levin, mise en scène de Jean-Pierre Berthommier avec Christine Joly, Philippe Lebas et Jean-Pierre Mesnard.
"Une laborieuse entreprise" voilà ce qu’est la vie pour l’auteur israélien Hanokh Levin. Une laborieuse entreprise que chacun doit mener avec humilité et pragmatisme.
Avec un vrai regard de tendresse et d’humanité pour l’homme, doublé d’un humour ravageur et d’une lucidité drastique, il pratique l’anatomie de l’angoisse existentielle des âmes simples et, dans cette tragi-comédie, celle du vieux couple ordinaire formé par Yona et Leviva Popok.
Yona, saisi d’une bouffée d’angoisse existentielle au milieu de la nuit et au mi-temps de sa vie, veut fuir la réalité, et plus précisément la forme ronflante de sa femme endormie à ses côtés, symbole vivant de son désenchantement et de son impossibilité à satisfaire ses aspirations légitimes.
La vacuité de l’existence, l’ombre de la vieillesse, la peur de la mort et le sentiment d’avoir trahi l’enfant qu’il était, le prennent à la gorge et suscite un grand déballage d’amertumes ravageuses et de cruelles diatribes.
Mais avec son bon sens et sa vision plus pragmatique de la vie, qui consiste à vivre tout simplement avec honnêteté, Leviva argumente ferme et le grand déballage de linge sale prend des tournures de philosophie domestique.
Du comique au pathétique, Hanokh Levin dissèque les âmes, sondent les cœurs et ampute les illusions sans anesthésie de ces pantins grotesques mais attendrissants qui nous ressemblent.
La subtile mise en scène de Jean-Pierre Berthomier maîtrise ces brusques changements de registres et orchestre la palette de tonalités du texte avec une distribution aguerrie : Christine Joly, époustouflante dans les changements à vue, femme vieillissante, furie ménagère, épouse humiliée ou maternelle, Philippe Lebas, inénarrable en homme infantile saisi par la panique métaphysique et Jean-Pierre Mesnard, fulgurant en désespéré solitaire.
La vie, une laborieuse entreprise. Du rire aux larmes. Match nul.
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