In The Nursery est la création parthénogénétique
des jumeaux Klive et Nigel Humberstone, née en 1981 et qui s'avère
éminemment prolifique : plus de vingt ans de carrière et 23 albums
sans compter les autres réalisations du groupe .
Leurs caractéristiques essentielles résident dans leur approche
quasi mystique de la musique, le projet conceptuel qui sert de fondement à
chacun de leur album et une architecture musicale unique basée notamment
sur les percussions et le tambour militaire.
ITN revient en France, à la Loco, après plus de trois ans d'absence,
dans le cadre d'une courte tournée européenne en Allemagne, Suisse
et Italie à l'occasion de la sortie de leur album Praxis
pour un concert, qui comme toujours, est une performance
au sens premier du terme.
Un concert à la Loco est toujours un évènement singulier.
D'abord, en raison des horaires n'ont rien de commun avec ceux des salles de
concerts indé (les portes de la Loco ouvrant à l'heure où
celles des autres salles se referment sur les derniers spectateurs qui rentrent
chez eux souvent sourds et fumés comme des harengs saurs). Ensuite parce
que le spectacle se déroule autant sur la scène que dans la salle,
lieu de happening gothisant. Enfin, en raison de la conformation des lieux,
long boyau kitsch qui débouche sur une salle haute de plafond avec des
passerelles métalliques, plongée dans l'obscurité et dispensant
de la musique gothique.
La passerelle de droite surplombe à pic la salle obscure résonnant
de sons sépulcraux et il faut se pencher pour voir la fosse se remplir
de silhouettes qui s'avancent lentement comme des zombies. Situation idéale
pour la contre-plongée sur la scène.
Après la première partie assurée par Dark
Sanctuary et quelques morceaux de Dead Can Dance et autre Rosa crux
plus tard, les premières notes de Praxis, morceau du nouvel album du
même nom, surgissent en grondement sourd, avant le lever de rideau.
ITN se révèle au public sur une scène sans effet ni decorum
pour un concert flamboyant ! Une chevauchée épique qui vous saisit
au premier son et ne vous lâchera qu'à la dernière note,
vous laissant décimé, pantelant, abasourdi.
En introduction donc, le premier morceau instrumental de leur nouvel album,
qui lui donne son titre, "Praxis" tout en puissance avec
Nigel aux claviers, mince, tout en concentration et et Klive, solidement musclé,
aux percussions (3 énormes tambours posés au sol et 2 grosses
caisses suspendues derrière lui).
Aux tambour militaire et percussion, Q indisponible, est remplacé par
David Elektrik (le bien nommé) dont la virtuosité est d'autant
plus remarquable, dans tous les sens du terme, en raison de son aspect physique.
En jean baggy et chemise à motifs hawaiens qui contraste avec le noir
de la tenue pantalon-t shirt des jumeaux ou la sexy girl Dolorès Margaret
C, il se déplace de manière très saccadée, à
l'instar des automates, visage impassible, mobilité réduite et
fait penser au petit lapin de la pub pour les piles Duracell. Cela étant,
avant-bras et mains virevoltent en virtuoses, sans emphase, sans ostentation,
discrètes mais terriblement efficaces.
L'enchainement avec le "Blue religion", datant de 1991 (sur
l'album "Sense") donne le ton de ce que sera le concert :
la puissance et l'intensité dans la continuité pour un univers
pérenne et intemporel.
Dolorès Margaret C, leur vocaliste attitrée, qui complète
occasionnellement les musiciens aux claviers et aux percussions, les rejoint
pour "Hymne noir".
In The Nursery ne présentera ce soir que deux morceaux de Praxis, ce
qui est révélateur de la volonté d'inscrire cet album,
fruit d'une recherche nouvelle, dans une oeuvre globale et cohérente,
parmi un florilège de leurs morceaux les plus significatifs qu'il s'agisse
de "Sense" ou "A rebours" ('Sense' 1991), "
Bombed"("Anatomy of a poet" 1994) ou "Allegory"("Groundloop"
2000), "New religion" ("Engel" 2001) et
bien sûr l'incontournable "Mystery" morceau datant
de leur premier album "When chreished dreams come true".
Une heure de concert intense qui se termine avec "Compulsion"
sur le claquement d'immenses cymbales manoeuvrées par Dolorès
avant un rappel qui s'achève sur le bien nommé "In perpetuum".
"To cure the soul by means of the senses
And the senses by means of the soul" |