Il nous arrive de bien belles choses du Nord décidément. Le grand Nord je veux dire, pas loin de là où se terre le Père Noël vous voyez.
En l'occurrence il s'agit de la Norvège, ou plus exactement de Silje Nes qui nous arrive tout droit de Oslo, en passant par Berlin (ça la regarde).
Pour son premier album, signé chez Fatcat, cette jeune demoiselle de 21 hivers à peine saura sans nul doute se faire une place de choix dans nos discothèques.
Ces mélodies intimistes, sa voix si douce et sensuelle sont à classer quelque part du côté de Stina Nordenstam, originaire également de quelque contrée aussi lointaine que froide.
Si la musique de Silje Nes est souvent cataloguée comme electro, ce serait réduire à bien peu la musique riche et touchante de Ames Room.
Sans être envahissante, l'electro est pourtant bien là, par petites touches, et se mêle à des instruments à vent, guitares et percussions sans heurt.
Sans heurt parce que ce disque est comme une grande étendue gelée que l'on contemple depuis la berge. Certes l'envie d'y jeter quelques cailloux se fait sentir mais Silje Nes se charge de les lancer, précisément, juste de quoi fissurer la surface sans risquer de se retrouver au fond.
Les titres souvent construits sur une base répétitive sont comme ce lac, lisse et fragile, prêts à craquer au moindre faux pas. Tantôt sur des bases presque folk et acoustique ("Melt"), tantôt vraiment axés sur une rythmique electro minimaliste ces chansons nous entraîne dans un monde féérique (bonjour les clichés, mais je vous épargnerais les elfes).
Sans être pour autant un disque de musique contemplative, on se laissera aller aux rythmes lents, comme le morceau d'ouverture "Over all" dont le non-rythme peut être assez surprenant au départ, ou plus soutenus ("Giant Disguise", "Recurring dream") sans aucune retenue.
Les sons aquatico-bricolo de "Ames Room" sauront à eux seuls vous convaincre, tout comme "Dizzy Street" et ses faux airs de Young Marble Giant. "Escape", plus tordu encore avec ses multiples bruits, ses fausses pistes et son vrai charme arrive en toute fin de disque, le temps pour vous de vous adapter à l'univers de la jeune fille. Ca en vaut la peine.
Ames room est un beau disque comme je n'en avais pas croisé depuis longtemps, un disque important sans date de péremption, enfin !
Indispensable sous le sapin de Noël. |