C'est à La Clef, petite salle associative aux allures d'amicale laïque
de petite ville de province (je sais de quoi je parle) que nous avions rendez
vous avec Jack The Ripper qui a pris le temps de nous accorder une nouvelle
interview.
La première partie est assurée par Goo Goo Blown (le
bonhomme). Groupe formé, outre des classiques guitare, basse,
batterie, de cordes (violons, violoncelle). Rien d'original toutefois au niveau
musical. Les compositions, dont les intro quasi identiques ont pour caractéristique
de démarrer à un haut niveau sonore qui parfois font penser, enfin
juste pour vous donner une idée, à Mardi Gras interprêté
par une fanfare, souffrent un peu d'un trop plein d'instruments. Quant à
la voix, certes intéressante mais un peu juste, elle pâtit d'une
tendance trop patente au mimétisme avec celle du chanteur de Muse pour
convaincre sans pour autant parvenir à nous faire vibrer.
Qu'à cela ne tienne, nous sommes venus pour Jack the Ripper....
Et comme lors de leur passage à l'Européen, le set commence sur
le superbe instrumental, "In a bar with billy Kunt", qui
introduit l'ambiance à la fois feutrée et sombre de l'univers
musical du groupe avant que le chanteur ne le rejoigne sur "A portrait's
gallery". Un chanteur dont l'allure romantique, la voix vibrante et
les interprétations quasi théatrales de certains morceaux, comme
"Escape"ou "The death of a writer" concourrent
à renforcer le charisme.
Les Jack the Ripper sont bien en place (même si - confidence
de fin de concert- tous n'ont pas trouvé le concert "formidable")
et semblent prendre beaucoup de plaisir à jouer, notamment le violoniste
souriant et le bassiste débordant d'énergie. Beaucoup plus discret,
l'impeccable trompettiste apporte en quelques notes une coloration aux morceaux
sans les surcharger alors que le regard du chanteur se perd au loin, faisant
entièrement corps avec ses chansons.
Sur "Bad Lover" emmené par d'impeccables guitares,
ils n'ont même rien à envier à leurs ainés tutélaires,
Nick Cave en tête. Tout y est, la mélodie, l'intensité,
la présence scénique... un régal .
Les morceaux vont s'enchaîner très vite pour culminer avec une
interprétation hallucinante de "The assassin" dont
le final verra le chanteur descendre jusque dans la fosse pour hurler au milieu
d'un public forcément un peu surpris "I kill every sin !".
Un des moments forts des concerts du groupe.
Et si ce dernier feint l'apaisement sur "Her Ghost" c'est
pour mieux nous saisir sur le mythique "Party in downtown"
sur lequel le chanteur explose un tambour placé devant lui en le frappant
de toutes ses forces. Un des morceaux les plus intenses de Jack the Ripper totalement
maitrisé sur scène qui emporte définitivement l'adhésion
du public qui ira même jusqu'à frapper dans les mains sur l'entrainant
"Prayer in a tango".
Un concert excellent, d'un niveau supérieur à celui de l'Européen
même privé de la superbe reprise du "Mercy Seat"
de Nick Cave. En revanche, l'avant dernier titre "Words", juste avant
le final avec le très émouvant et déchirant "Son
of...." est extraordinaire et sonne comme les meilleurs titres de
16 Horsepower.
Jack the Ripper s'avère décidément un grand groupe de
scène, hors des phénomènes de mode, qui mérite incontestablement
une plus large audience et qui vous invite à faire un petit effort pour
rentrer dans son univers. Vous ne le regretterez pas.
Pour connaitre les prochaines dates de concerts :http://jack.ripper.free.fr |