Suite à l’impeccable Letting Go sorti l’an dernier, le petit père Oldham reprend sa six cordes pour ce Ep principalement composé de reprises aussi variées qu’inattendues.
Tout au long de sa prolifique carrière, planqué derrière ses divers alias, Oldham a toujours offert, en marge d’albums impeccables, des EP’s phénoménaux, truffés de morceaux justifiant à eux seuls le statut O combien culte du barbu dégarni.
Entouré pour l’occasion de Meg Baird et Greg Weeks membres de la nouvelle marotte psyché folk Espers, Bonnie Prince Billy s’attaque à quelques pointures de la musique américaine.
Les reprises de Phil Ochs ("My Life"), Mickey Newbury ("I Came To Hear The Music") et Frank Sinatra ("Cycles") épousent assez facilement la patte Oldham, basée sur une instrumentation minimale, ce son de guitare si particulier. Partout sur le disque, la voix de Meg Baird vient subtilement s’accoquiner avec celle d’Oldham , mais sans arriver à l’écoeurement, comme c’était trop souvent le cas sur The Letting Go"…
"I’ve Seen It All", composé au départ par Bjork et chanté en duo avec Thom Yorke sur la bande originale de "Selma Songs", s’annonçait moins évidente. La rythmique complexe du morceau original, les variations vocaliques de Bjork, rendait le passage à l’acoustique plus délicat. Oldham métamorphose l’objet en une comptine folk aride dont il détient la formule…
La grande surprise de ce sept titre reste sans conteste, la reprise pour le moins surprenante du roi du R’N’B sirupeux, le peu fréquentable R Kelly… Mais ceux qui connaissent Oldham savent que le bonhomme étonne souvent par ses goûts musicaux prompts à soulever le mépris de tout bon indie poppeux intolérant qui se respecte (dont je fais, bien évidemment partie)… Ainsi le bonhomme en avait étonné plus d’un au moment où il composait ses albums les plus arides, en avouant adorer par-dessus tout la dance et les disques de Madonna…
Le résultat est assez proche de l’original, mais débarrassé de son "bing-bing" Rn’b (la voix insupportable de R Kelly, ces boîtes à rythmes "pou pou tchak" entendues au kilomètre sur n’importe quel disque d ‘Amel Bent ou Kenza Farrah), "The World’s Greatest" se métamorphose en un sublime morceau de Will Oldham.
Bref comme d’habitude, la grande classe… |