En première partie, Oboken. Oboken, c'est la voix de
Philippe Saucourt qui joue de la guitare acoustique et Bruno Fleutelot à
la basse, guitare et aux samples. Car comme le veut la tendance actuelle, Oboken
a la particularité de sampler des sons en temps réels qui s'ajoutent
tout naturellement au morceau qui ainsi gagne en densité. Musique vivante
s'il en est mais il n'est pas certain qu'il soit toujours indispensable pour
le spectateur de voir l'envers du décor et d'assister à ces bidouillages.
Ainsi à coup de petites clochettes, de glokenspiel, de basse et tambourins,
ou de papier bulles, naît un univers sonore qui sied parfaitement au rock
atmosphérique, sorte de post rock zen envoûtant, que l'on dirait
venu d'ailleurs. Des morceaux comme "Driving", "Dry"
ou "Accurately" sont tout à fait remarquables et méritent
qu'on s'attarde à l'écoute de leur musique.
Un set qui d'ailleurs était un peu court et qui aurait encore gagné
en intensité avec un ou deux morceaux supplémentaires. Oscillant
entre "[except
you]" et "Peace of mind"
leurs deux derniers albums, les Oboken nous propose aussi un titre de leur premier
album, morceau très dense à l'ambiance malsaine, album autoproduit
et introuvable.
La petite salle en hémicycle du théatre de l'Europeen est comble
et elle semble bien petite ce soir pour accueillir Jack the Ripper.
La scène, pourtant de belle taille, va s'amenuiser drastiquement dès
que les neuf musiciens l'investissent. Le line up est donc le suivant : 2 guitares,
1 batterie, 1 basse, 1 clavier, 1 violon, 1 trompette auxquels s'ajouteront
au fil des morceaux un trombone et un violoncelle. Si le batteur semble tout
à fait à son aise en arrière plan sur une estrade, il n'en
sera pas de même pour le violoniste ou les cuivres lors de leurs prestations
et on comprend les difficultés engendrées par le nombre, difficultés
que nous avaient confiées JTR lors de leurinterview en avril dernier.
Entrée sous des applaudissements nourris du public déjà
acquis...et introduction avec la valse lente de "In the bar with Billy
Kunt", leur seul morceau instrumental de leur répertoire -
qui figure sur leur premier album "The book of lies".
L'arrivée du chanteur est saluée par les acclamations d'un auditoire
qui manifeste son enthousiasme et son excitation dès les premières
mesures de "A portrait's gallery". Suivent "Escape"
et "The astronaut of her majesty" morceaux de leur second
album "I'm coming" dont la trompette très
présente en live leur confère une allure très calexiquienne.
Le concert va se dérouler crescendo tant pour le public que pour le
groupe.Mais il faudra attendre le mi-parcours pour que ce dernier trouve son
rythme de croisière. Il est vrai que la proximité avec le public
et l'abandon, si on peut utiliser ce terme, des musiciens sont sans doute plus
malaisés à atteindre quand ils sont nombreux.
C'est à partir du moment où le chanteur - qui a une présence
et une voix si singulières - après être monté sur
les retours pour chanter "The assassin", dans une version
revisitée toute en puissance, s'est jeté dans la fosse et s'est
frayé un chemin dans le parterre, limité toutefois par la seule
longueur du câble du micro, que le groupe s'est également totalement
détendu et "lâché" comme s'il avait enfin acquis
toute confiance en lui.
Le concert gagne alors inconstestablement en intensité, avec des arrangements
plus puissants que sur l'album qui sans reléguer au second plan la voix
la rendent moins prégnante, de "Party in downtown"
à "Martha" en s'achevant sur "Prayer in a
tango" avec un violon presque tsigane.
Trois morceaux en rappel dont "Martha" avant que la salle
plonge dans l'obscurité sans que cessent les applaudissements. Jack the
Ripper revient pour un deuxième rappel, court mais parfait, avec une
très émouvante interprétation de "Son of..."
que Arnaud entame seul à la guitare et assis, pour finir sur une très
belle reprise du "Mercy seat" de Nick Cave. Une reprise sobre
à la violence introvertie fidèle à l'original dans l'ambiance
et dans l'intensité mais sans ostentation ni imitation.
Les lumières se rallument déjà, oui déjà
parce que le temps a passé bien vite et que le public rechigne à
partir.
Seul bémol, les irréductibles du claquements de main festif et
les nostalgiques du karaoké qui plombent les intros et les petits groupes
d'invités, dont des enfants qui se claquent les cuisses et battent la
mesure avec des bouteilles vides, venus par politesse ou obligation dont le
manque d'éductaion et de respect sont d'autant plus navrants qu'ils sont
invités.
Reste à se précipiter sur les albums en rentrant à la
maison. |