Drame de Shakespeare, mise en scène de Jean-Luc Jeener, avec Frédéric Almaviva, Jean-Yves Lemoine, Jean-Jacques Cordival, Bérengère Dautun, Emmanuel Dechartre,
Benoît Dugas, Paul Lera, Michel Le Royer, Gildas Loupiac, Aurore Ly, Eliezer Mellul et Coralie Salonne.
Rien d'étonnant à ce que Jean-Luc Jeener, farouche adepte du théâtre de l'incarnation, mette en scène "Hamlet" dans le cadre du cycle Shakespeare au Théâtre du Nord-Ouest.
Hamlet, homme entre les hommes, se débattant dans un état de clairvoyance proche de la folie, réduit à "être ou ne pas être dans le royaume pourri du Danemak", est pris au piège d'un drame dont il est la victime et dont il doit être par ailleurs l'instrument pour venger les crimes commis : l'assassinat du père, la félonie de l'oncle usurpateur et la trahison de la mère qui épouse la cause du traître.
Et comme si sa conscience ne suffisait pas, des instances supérieures, divines ou fantasmatiques, lui envoient un messager, le fantôme de son père. Dès la première scène du drame, dans un clair obscur, est posée l'atmosphère métaphysique dans laquelle il sera débattu de tous les grands thèmes de la tragédie classique.
Hamlet, en quête d’identité de l’homme, ("cette quintessence de la poussière"), refuse de n’être que le bras armé du destin et tente d’échapper à tout déterminisme, fut-il surnaturel, et épuise toutes les voies de la verbalisation jusqu'à la sentence ultime : "Tout est silence".
Entouré d'une belle distribution, entre autres Michel Le Royer et Bérengère Dautun, exemplaires, Frédéric Almaviva parfait d'humanité dans le rôle de l'indéfectible Horatio, Coralie Salonne en troublante Ophélia, des comédiens aguerris comme Benoît Dugas, Jean Tom et Eliezer Mellul Polonius, Emmanuel Dechartre, qui porte autant qu'il est porté par l'abondance du rôle et la beauté du verbe shakespearien, incarne un Hamlet redoutable de lucidité et confondant d'humanité qui écarte toute tentation d'analyse réductrice.
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