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Elysée Montmartre  (Paris)  5 juin 2003

En première partie on peine à entendre le jeune homme qui répond au nom de James Orr complex du label Rock Action de Mogwai (un seul EP sorti à ce jour), d'une part en raison du son catastrophique (impossible de discerner sa voix! qu'il chante ou qu'il parle) et d'un penchant très marqué pour une partie du public (apparemment pas uniquement autour de moi) à faire salon près de vos oreilles. C'est bien dommage car quelques titres instrumentaux joués étaient vraiment fabuleux, une densité et une virtuosité mélodique rare dans un solo. A suivre mais dans d'autres conditions.

Cette petite frustration passée (les occasions de voir des groupes intéressants en première partie ne sont pas si courants), on patiente calmement pour voir l'arrivée des terroristes soniques pour certains ou des demi-dieux du post rock pour d'autres (aucune des deux nominations ne devant faire plaisir au groupe), au final c'est tout simplement cinq écossais qui déboulent sans un mot sur scène.

Tout démarre comme un apaisement sur les notes égrenées du nouveau "Kids will be skeletons", titre assez mélodique proche de la version live de "Yes! I am a long way from home" en moins enflammé, entrée en matière lumineuse avec un son de volume tout à fait raisonnable et bon contrairement à la première partie.

Sur scène trois gaillards en guitare/basse debout dont Stuart au centre qui ne cache pas son arrogance innée, derrière Barry aux claviers et le batteur caché bien au fond. A vrai dire cela faisait longtemps que l'on attendait de les revoir (novembre 2001!), les retrouvailles se font donc sur ce titre tout sourire qui est enchaîné sans transition avec... "Mogwai fear Satan!" Un des titres les plus merveilleux du groupe, les guitares sortent vraiment de leurs réserves : Barry repasse à la guitare, offrant ainsi un mur impressionnant sur la scène de l'Elysée Montmartre, tous concentrés sur les vagues irrésistibles du début du morceau qui s'emporte dans un rythme effréné de rouleau compresseur.

Contrairement à leur dernière tournée, la mélodie à la flûte traversière de l'accalmie du milieu de morceau est remplacé par un riff de guitare ce qui a le bénéfice d'offrir une continuité inédite au morceau qui rebondit alors de plus belle à l'assaut de l'enfer dans un dernier baroud d'honneur pour clore sous les coups de marteau de la batterie cette grande fresque épique des débuts de Mogwai (Young Team). En somme dès le deuxième morceau toute la salle est conquise et surtout abrutie par cette démonstration fascinante.

Le groupe en profite alors pour placer le très pop "Hunted by a freak", les notes de guitares se superposent avec les couches de vocoder chantés par Barry Burns, il suffirait que l'on puisse discerner des paroles dans ses chants maquillés pour pouvoir prétendre être une pop-song, mais bon pour être un groupe de rock crédible il faudrait aussi que Mogwai adopte un jeu de scène plus conventionnel ouvert vers le public ce qui n'est largement pas le cas... pas du tout rock'n'roll attitude les Glaswegian. Une ambiance assez psychédélique en fait sur ce morceau avec un gros son ample et généreux. Mais le fait qu'il suive "Mogwai fear Satan" contribue à lui donner une aura malsaine qu'il n'a pas sur disque. Au final on découvre que ces nouveaux titres fonctionnent très bien en live et qu'ils s'insèrent parfaitement dans le répertoire du groupe.

On a juste le temps de reprendre son souffle pour se voir infliger un des morceaux les plus efficaces, violents et viscéraux du groupe : "Xmas Steps" ! Titre phare du disque Come on Die Young, en concert il prend une ampleur jouissive hallucinante : les quatre notes très distinctement authentifiables sont enchaînées très lentement et remplissent tout l'espace de la salle, les riffs se croisent alors de plus en intimement, hypnotiques au possible, la sortie de cet état second se fait dans un traumatisme sur un choc de basse (choc véritable au sens physique "Je suis emporté par leur vacarme... ils crèvent on dirait cent enclumes à tour de bras... c'est le tambour de dieu, du tonnerre de dieu" - Guignol's band II), encore chancelant la guitare part toujours de l'avant dans une violence communicative qui fait perdre toue contenance intérieure.

Même en connaissant le titre sur disque, il est dur d'imaginer les sommets de fulgurance qu'atteint alors ce mouvement en concert. A cela se rajoute la présence du groupe sur scène, le regard dur et méprisant contemplant du haut de la scène la mesure de leur déchaînement. Puis Stuart va s'assoir au fond de la salle près de la batterie pour servir la petite transition de "New path to Helicon - part 2", là encore sans flûte, petit morceau très calme qui permet de reprendre ses esprits et de se rattacher à des airs contemplatifs presque sereins. On est encore, comme depuis le début du concert, dans le grand écart permanent dans l'enchaînement cyclothymique des titres et pourtant tout parait naturel.

Puis là encore un nouveau morceau du dernier album (qui sort quelques jours plus tard, mais une bonne partie de la salle connaît déjà ces titres, à déplorer ou pas en tous cas c'est le cas) "Stop coming to my house", un très gros son avec une orchestration assez complexe qui rappelle beaucoup les prestations de Sigur Ròs, avant d'être écrasé sans ménagement par un nouveau mouvement crescendo auquel on ne peut pas résister (on a de toute façon déjà perdu tout esprit critique vu la qualité du concert jusqu'alors), un morceau plus électronique mais toujours aussi chaotique, peut être un peu plus lourd et moins jouissif mais complètement inédit dans les prestations scéniques du groupe.

Pas le temps de redescendre, la grosse artillerie repart avec rien de moins que la ligne de basse d'"Ex-cowboy", long morceau hypnotique (certain diront répétitif) et éthéré qui, là encore, prend en concert une ampleur majestueuse, c'est immense et cela ne cesse de grandir, oppressant et fascinant. Stuart se concentre principalement sur ses pédales d'effet, on n'avait jamais été si proche depuis le début du concert du bruit, du bruit pur détaché des soucis de la ligne mélodique et qui efface tout sur son passage avant de disparaître et de relaisser la mélodie s'exprimer : la lenteur du passage et son contraste calme par rapport au vacarme précédent ne l'empêche de prendre tout l'espace. Morceau fabuleux avec des usages appuyés de délais (pédales d'effet) qui crée des murs de son élémentaux, on pense aux passages les plus passionnels de Piano Magic en concert.

Vient ensuite "Killing all the flies", réalisé assez différemment de la version album, le coup de force sur disque était de relancer sans cesse le morceau sur des subtilités mélodiques ou de syncopes dissimulées, ici la progression est plus basique et les guitares se contentent d'envoyer la sauce par dessus un crescendo de vocodeur. Cela reste réussi mais en deçà du reste du choix de titres. Le niveau remonte tout de suite avec le petit joyau du dernier album Rock Action, à savoir "Two rights make one wrong", parfaite synthèse multi-instrumentale entre guitares, électroniques et nappe. Mais la prestation live reste dans la lignée de disque, au lieu de s'allonger comme auparavant dans un vacarme irrésistible et apocalyptique de fin de concert. La composition reste là : c'est un titre très beau, serein et volontariste qui va de l'avant jusqu'à s'y perdre.

Le dernier titre avant le rappel n'est autre que "New path to Helicon - part 1", grand morceau de bravoure du groupe (sans rapport avec la part 2), Mogwai y assume alors totalement son ambition bruitiste et sonique dans un déluge confondant. Personnellement la version de ce soir là n'était pas du niveau habituel, et c'est bien dommage car c'est un des morceaux les plus réussis et osés du groupe. Je dis cela uniquement pour faire la fine bouche (et puis pour donner le change), et il est évident que quand le groupe fait mine de quitter la salle, le public exulte et ne cache pas son ardeur.

Ils reviennent donc pour un premier rappel qui commence sur un assez moyen "I know who you are but what am I ?" du dernier album aux clusters de piano affectés qui ne mérite pas plus que cela d'être interprété en live, mais le groupe se rattrape alors avec le seul titre long du dernier album sur lequel ils peuvent développer une composition qui prenne de l'ampleur : "Ratts of the Capital".

La progression du morceau est assez proche du disque (avec un gros son tout de même et cela y fait indéniablement) mais le combat industriel qui précède l'apparition progressive du dernier riff martial qui écrase toute vanité et très réussie (et très forte, les protections auditives se montrant ici d'un intérêt salutaire!). Le groupe n'a donc pas perdu la main pour cultiver sa marque de fabrique de terrorisme sonique, un nouveau classique sans aucun doute.

Reprise du petit manège convenu pour quitter la scène, le public les rappelle de bon cœur pour finir sur une prestation totalement hallucinante de "You don't know Jesus", extrêmement malsaine et violente avec un son vraiment fabuleux de précision, de dureté et d'ampleur étoffée par un habillage bruitiste saisissant! Par deux fois cette vague irrésistible nous surprend et nous submerge, on n’attendait pas une telle fausse surprise de leur part. A la différence des morceaux de Gy!be, Mogwai préfère aller droit à l'essentiel voire à l'efficacité et ne nous épargne rien, on est véritablement chahuté, envoyé à dame d'une émotion à une autre dans un élan dynamique et féroce.

La clôture du concert sur ce titre laisse groggy, en sortant de l'environnement du morceau on a l'impression d'avoir vécu quelque chose d'extra-ordinaire (comme disait un officier des colonies). Une très grande claque! Et une expérience rare.

Une setlist assez parfaite concentrée autour des grandes fresques dans lesquels le groupe excelle, on note qu'ils jouent la carte des titres assurés de fonctionner au lieu d'essayer des compositions plus osées comme "Ithica", ou des titres chantés (le groupe exècre assez cela apparemment) ou encore la majesté dégénérée de l'hymne "My Father, My King" sur lequel ils finissaient toujours leurs concerts précédents (à ce sujet voir l'interview dans laquelle Barry revient sur ce point).

Le nouveau disque est bien défendu sans être trop privilégié (environ deux cinquièmes des titres mais beaucoup moins en durée). Donc oui c'était génial, Mogwai fait partie de ces quelques groupes pour lesquels on se damnerait pour les (re)croiser en concert.

 

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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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