Habitué à des shows souvent bruitistes d’une redoutable
efficacité durant les années 90 et intégrant une partie
acoustique particulièrement appréciée, Neil Young
a décidé pour sa nouvelle tournée printanière de
bannir toute électricité en laissant son backing band à
l’écurie. Le vieux loup du rock a donc plus d’un tour dans
son sac, chacun de ses concerts réservant son pesant de surprises et
ce n’est pas un public de vieux babas - ménagères de moins
de 50 ans (un minimum fortuné tout de même vu les tarifs quasi-rédhibitoires
appliqués) qui va l’inciter à se transformer en juke-box
vivant pendant trois heures.
La première partie du concert (une petite heure trente) voit donc Neil
Young jouer les dix chansons de son nouvel album à paraître prochainement.
Ce disque est en réalité assez conceptuel dans la mesure où
toutes les chansons mettent en scène les mêmes personnages appartenant
à une famille originaire de Greendale : le canadien narrant, entre les
morceaux, les chaînons manquants de l’histoire.
Il va sans dire que la majeure partie du public n’est pas au courant
de l’organisation du concert et manifeste parfois ouvertement son mécontentement
: un spectateur allant même jusqu’à lui suggérer de
jouer "Harvest" au lieu de s’exprimer si longuement
entre les morceaux, ce qui laissera l’ex-Buffalo Springfield
complètement imperturbable …. comme on pouvait s’y attendre.
En résumé, une première partie de show déroutante
mais passionnante notamment grâce au charisme du canadien (son intégrité
et sa longévité durant près de 35 ans y étant également
pour beaucoup).
Après une pause annoncée d’une vingtaine de minutes, Neil
Young fait son retour dans une salle cette fois en délire, déclarant
ironiquement au passage que maintenant, tout le monde allait connaître
les titres joués. Et d’attaquer par "Lotta Love"
extrait du trop souvent sous-estimé "Comes A Time"
suivi d’ "Expecting To Fly" , l’autre grande
réussite signée NY de "Again", deuxième
album du Buffalo Springfield paru en 1967.
La public a ensuite droit à un tir groupé de 1970 avec "Old
Man" (même si ce morceau figure sur "Harvest"
) et l’immense "Don't Let It Bring You Down" extrait
de "After The Gold Rush" . Il est assez incroyable de constater,
sur ces titres ‘connus’, que le temps a gardé la voix du
canadien quasiment intacte.
Histoire de graver à jamais cette soirée sur les tablettes en
faisant la joie des bootleggers, Neil Young se fend pour la première
fois de "Winterlong" , à la 12-cordes, une rareté
de 1969, uniquement disponible sur le coffret "Decade" .
Suit ensuite un classique absolu de notre homme au piano ("After The
Gold Rush" ) avant un morceau plus récent extrait de "Harvest
Moon" de 1992 : le très beau "War Of Man"
.
Puis comme à chacun des concerts de cette tournée, Neil Young
terminera sa prestation, après s’être retiré quelques
instants, par "Heart Of Gold" (également extraite
de "Harvest" ). Il ne fallait donc rien de moins que dix
nouvelles chansons et une bonne poignée de classiques finement sélectionnés
pour amortir le prix de la place, mais de toute façon qui pouvait en
douter … Neil Young connaît son affaire … |