Brut de charme
En voilà deux dont les prestations scéniques ne devraient pas rester confidentielles plus longtemps. Allez les voir, faites le savoir.
D’abord parce qu’ils sont deux, ce qui n’est pas sans rappeler une autre formation nommé White Stripes dont Blood Red Shoes ne revendique aucune influence. Ben non.
Ensuite parce qu’en moins d’une heure ils ont fait l’effet d’un tsunami dévastateur dans une Poudrière stupéfaite par tant d’énergie et de puissance.
D’emblée je tombe amoureux de Laura-Mary Carter, petit bout de nana au chant et à la guitare, sanguine, charmeuse, fatale. Les filles préfèreront son batteur de compagnon, Steven Ansell, beau gosse nerveux et rigolard qui tient la rythmique à poings fermés et assure le chant à tombeau ouvert. Ils déboulent à 200 à l’heure dès le premier morceau et ne lèveront plus le pied jusqu’au dernier riff, livrant un mélange incisif de grunge et de punk-house aliénante, adouci par la voix envoûtante de Laura-Mary, tantôt hargneuse et rebelle, tantôt séductrice et fascinante.
Car ce qui fait la force de ce duo de Brighton, cité balnéaire proprette au sud est de l’Angleterre, c’est cette capacité à jouer avec nos nerfs, nous prenant, nous charmant, nous ensorcelant pour mieux nous jeter, nous récupérer au vol, puis nous faire virevolter pour enfin nous écraser d’un sourire et nous projeter en fond de salle, groggy, abasourdis.
Implacable. Brut et violent ont-ils dit.
Ca n’empêche pas la fosse d’être survoltée. Réminiscence masochiste.
Mais derrière l’efficacité de ce rouleau compresseur se cache une grande simplicité, revendiquée par les deux jeunes gens. Plus de 200 concerts et seulement quelques singles, un EP sorti chez V2, quelques clips, beaucoup d’insouciance et de voyages, de bars en salles, de salles en festivals, la réputation du groupe s’est faite sur les planches et on attend qu’un album vienne confirmer ce talent scénique avant que le groupe ne s’essouffle. Car la difficulté viendra sans doute de leur capacité à renouveler leurs perles de morceaux tout en gardant leur intégrité.
En attendant, surveillez la prog près de chez vous et ne vous défilez pas, vous tomberez sous le charme de Laura-Mary Carter, de ses riffs acérés, d’une mèche brune devant son visage d’ange et vous succomberez au rythme furieux débattu par Steven Ansell. |