On connaissait l’attirance des formations scandinaves pour la musique sucrée : pop évidemment (Cardigans, Peter Bjorn and John …) mais également folk. Bien que le commun des mortels en soit resté à Emiliana Torrini, il semblerait que la relève s’organise dans ces contrées reculées peuplées par des rennes.
En effet, depuis quelques mois le nom d’une jeune norvégienne de 32 ans ne cesse de revenir à nos oreilles : Ane Brun.
Adulée dans son pays d’origine, la demoiselle semble désormais vouloir passer la surmultipliée et conquérir le reste de l’Europe. Après deux disques studio émaillés de multiples collaborations, la parution d’un album live semblait opportune. Enregistré à l’automne 2006 dans des salles de tailles diverses en Norvège et en Suède, ce Live In Scandinavia possède sur le papier de nombreux atouts : playlist en forme de best-of, versions réorchestrées, public tout acquis à sa cause, reprises de bon goût …
Pour couronner le tout, sa sortie a été savamment orchestrée et la patience des fans titillée avec la mise à disposition au compte goutte d’une sélection de titres sur le MySpace de la dame.
Et maintenant, quoi penser du résultat ? Qu’il s’avère tout d’abord particulièrement embarrassant à qualifier. Bien qu’il soit impensable de remettre en cause une seule seconde les qualités vocales et instrumentales d’Ane Brun, force est de constater que le disque vire quasi-instantanément à l’indigeste.
La faute tout d’abord à un flagrant manque de personnalité venant s’ajouter un classicisme désespérant au niveau des compositions. Sorte d’écoeurant pop-folk sonorisant des lounge bars aseptisés où de jeunes cadres dynamiques propres sur eux ont leurs habitudes. Comment en 2008, la sortie d’un tel disque à des fins d’écoute dans une sphère privée peut-elle être possible ?
La palme du ratage revenant sans conteste aux parties de cordes écrites par la compositrice danoise Malene Bay Landin. Ou comment ajouter encore à la confusion générale tout en saturant l’ensemble de glucose. D’une grossièreté rarement atteinte… N’est pas Van Dyke Parks qui veut…
Pour couronner le tout, la demoiselle se hasarde à quelques inatteignables relectures : "So Real" de Jeff Buckley ainsi que "The Dancer" de Polly Jean. Pour un résultat particulièrement discutable... Disons que l’on prie pour qu’elles s’achèvent au plus vite.
Néanmoins, une fois ou deux, Ane Brun réussit – l’espace d’un instant seulement – à sortir l’auditeur de sa torpeur : "So You Did It Again" ou encore "Rubber & Soul".
Pour conclure, disons que cette galette constitue – après les opus de Fleetwood Mac deuxième période – une des plus parfaites illustrations du contraste saisissant entre une songwritteuse de génie habitée (genre Alela Dalton ou Patti Marshall) et une chanteuse talentueuse en panne d’inspiration. De l’ennui en rondelles. |