Comédie dramatique de Jean-Claude Brisville, mise en scène de Christophe Lidon, avec Sarah Biasini, Roger Dumas et Danièle Lebrun.
Passé maître dans le théâtre de conversation sur fond historique, Jean-Claude Brisville affectionne de décliner l'argument dramaturgique fondamental qu'est l'affrontement en duel d'idées entre hommes illustres.
On se souvient de l'excellent "Le souper" réunissant Fouché et Talleyrand, et Claude Rich et Claude Brasseur, et plus récemment, en auomne 2007, sur la scène du Théâtre de l'Oeuvre, de "L'entretien de M. Descartes avec M.Pascal le jeune" brillamment interprété par Daniel et William Mesguich.
Dans "L'antichambre", qui se déroule au 18ème siècle, il s'agit moins d'une joute politique ou philosophique entre "lumières" qu'une exploration du changement de siècle, à travers un épisode qui ressortit davantage à la comédie de moeurs en braquant le projecteur sur la rivalité entre deux femmes qui ont tenu salon, et notamment le déclin irréversible de l'aristocratie face aux idées progressistes prônées par des lettrés souvent d'origine plébéienne.
A cet égard, la métaphore de l'antichambre est particulièrement judicieuse. En l'occurrence, cette antichambre est celle qui donne accès au très recherché et sélectif salon bouton d'or de Mme du Deffand, femme de l'Ancien Régime qui se devait de plaire, seul moyen d'accéder à la reconnaissance, qui se trouve confrontée à la nouvelle génération de femmes, une femme quasiment moderne, en la personne de sa nièce naturelle qu'elle introduit dans sa demeure et dans la société.
Christophe Lidon met merveilleusement en scène un texte ciselé, drôle et intelligent et accompagne totalement la métaphore originale en la déclinant au niveau scénographique aussi bien dans les lumières aux subtils clairs-obscurs, les costumes que le décor en trompe l'oeil à la cimaise mobile et miroitante de Catherine Bluwal.
Face à Roger Dumas, qui campe parfaitement la figure du témoin roué et symbole de l’Histoire qui s’amuse de la roue du temps qui tourne, en grande comédienne subtile, Danièle Lebrun est une Mme du Deffand incisive et pleine d’esprit et Sarah Biasini enchante par son jeu tout à fait convaincant et son énergie vitale qui passe de la fougue de la jeune fille candide à l’assurance déterminée de la femme.
Ce qui donne un spectacle à l'image des bonbonnières du 18ème siècle. Tout y est parfaitement étudié, travaillé, abouti et réussi. |