Ce soir, il n’y avait que deux salles ouvertes : le Phénix et le 22, mais les concerts se jouaient à guichet fermé, encourageant pour un début de Printemps.
Sous le chapiteau, la nouvelle chanson française était à l’honneur avec Rose, Renan Luce et Christophe Willem. Un chapiteau un peu grand pour les deux premiers, non habitués aux si grandes scènes, mais malgré cela, le succès était quand même au rendez-vous. Et tout le monde attendait Christophe Willem, adulé et acclamé par son public.
Au 22, c’est une soirée chargée qui nous attend ; une soirée placée sous le signe de la "french connection", puisqu’à part Adam Green, tous les groupes venaient de France. Des petits Français très inspirés par les grands espaces des Etats-Unis, par l’anglais et par des artistes américains.
On commence la partie avec Syd Matters, qui nous ont surpris avec un son parfait, une musique à l’américaine justement. La mélancolie est évidemment l’ambiance dominante, mais pas seulement… Ils ont aussi su ajouter du rock dans leurs mélodies envoutantes, notamment pour le final. Le public était séduit et survolté, ce qui a pu booster le groupe parisien.
Changement de côté, changement d’ambiance : rendez-vous avec Constance Verluca, une frêle jeune femme au caractère bien trempé. Son hymne retentit dans les oreilles : "j’aime le chocolat, l’héroïne et la vodka" ; le ton est donné. Toutes les chansons sont en français, elle fait partie du cercle Jeanne Cherhal, Pauline Croze mais en plus déjantée. Constance n’est pas forcément là où on l’attendrait, elle chante des titres assez peu conventionnels, comme "c’est le moment de mourir" . Bref elle se la joue petite fille pas sage…
Cocoon, ce groupe formé de deux jeunes auvergnats, sont les prochains à monter sur scène. La génération nouvelle est arrivée, et ça se sent. D’ailleurs, le public est assez jeune et le folk semble être revenu à la mode. Leur duo est très bien huilé, ils savent établir le contact avec le public et leur succès est assuré. Leur son folk est très doux, peut-être même parfois un peu trop, mais le groupe en est conscient, et d’ailleurs, dès octobre, ils ont prévu d’augmenter leur formation sur scène, et peut-être de se "lâcher un peu plus.
On passe rapidement de l’autre côté, avec La Maison Tellier, un groupe inspiré entre autres par Calexico et Sixteen HorsePower. Un groupe plutôt introverti, qui joue vraiment leur passion.
Puis, un moment attendu arrive : la venue des French Cowboy. La formation est composée des ex-membres des Little Rabbits. Et les cowboys ont vraiment assuré, on n’a pas été déçu du voyage. Car c’est bien d’un voyage qu’il s’agit, entre grands déserts américains et rock français. On a vraiment l’impression d’une musique qui a mûri sous l’influence américaine du vivier de Tucson : ils ont de la bouteille et ça se sent. On a assisté à un grand concert, qu’on peut s’approprier, dont on se souviendra.
La montée en puissance de certains morceaux est captivante, mordante et presque hypnotique. Certaines chansons sont plus douces, comme lorsque le chanteur commence à danser un slow langoureux avec une jeune fille du public, sur une superbe reprise de "Back to black" d’Amy Winehouse. La reconversion est réussie, on en redemande !
Puis vient le tour d’Adam Green, le seul Américain d’origine. Ce crooner à franges, totalement déjanté, s’est entouré entre autres de deux choristes noires Américaines, qui ajoutent une tonalité soul à l’ensemble. On aime aussi le voir revenir à un solo guitare voix, comme avec la chanson "Let me introduce you to some friends of mine".
Ce cowboy d’un autre genre a conquis la salle, dans tous les sens du terme puisqu’il a même échangé un baiser langoureux avec un spectateur contre une chanson. Cette oscillation entre folk et ambiance bal populaire version US est pour le moins surprenante, mais on adhère très vite !
La soirée se finit sur une note résolument rock, avec le retour des Hushpuppies à Bourges. Trois ans ont passé depuis leur dernier passage, et le succès qu’on leur connait est venu avec. Le groupe était très attendu par les jeunes spectateurs, qui s’en sont donnés à cœur joie. Ces Français qui jouent un rock des années 60, revisité, n’ont rien à envier à leurs voisins anglo-saxons, et si la mode continue dans ce sens, ils ne sont pas près de lâcher leurs guitares. |