Bob Jeudy, fondateur de La lune en parachute, organise à Paris la première exposition hors les murs de ce entre d'art contemporain en réunissant, sous le titre "Vendetta ou la rébellion collective", cinq artistes des années 80 : Speedy Graphito, Dix10, Jean Faucheur, Dominique Larrivaz et Claude Como.
Nous l'avons rencontré à cette occasion ainsi que Roma Napoli de Dix10 et Claude Como qui évoquent leur travail.
Pouvez-vous nous indiquer dans quel cadre particulier se déroule cette exposition ?
Bob Jeudy : J’ai fondé, il y a 17 ans une association à Epinal, "La lune en parachute", pour pallier au manque de galerie dans la ville qui ne disposait que d’un musée. Depuis cette galerie est devenue un centre d’art qui fonctionne bien. Arrivé depuis quelques mois à Paris, qui constitue mon nouveau lieu de résidence, je me suis souvenu de mes débuts avec "La lune en parachute" quand, faute d’argent, nous utilisons les locaux commerciaux inutilisés pour les transformer en galerie.
Et voilà ce qui se produit de nouveau à Paris quand j’ai trouvé ce local qui est vacant pendant quelques semaines avant travaux. J’espère pouvoir réitérer ce genre d’événement un peu partout au gré d’opportunités similaires. Plus qu’un accrochage galerie je souhaite créer un événement avec un travail in situ des artistes.
C’est un peu un squat officiel qui permet, pendant 4-5 jours, de montrer le travail d’artistes des années 80 qui ont commencé dans la rue. Nous avons intitulé cet événement "Vendetta" pour le côté rébellion collective de ces artistes qui ont une qualité en commun ils bossent beaucoup.
Vous connaissiez déjà les cinq artistes à l'affiche et font-ils partie de votre famille artistique ?
Bob Jeudy : Je n'ai pas vraiment de famille artistique. Dans notre centre d’art nous exposons tous les ans deux peintres et un sculpteur, un photographe et un vidéaste sans avoir, comme une galerie, un registre de prédilection. Il ests vrai que 4 des 5 artistes présents aujourd’hui ont déjà exposé à "La lune en parachute" mais il y a déjà plusieurs années.
L’exposition présente des peintures, des sculptures, des photographies, des grandes affiches de Speedy Graphito qui a par ailleurs investit une salle pour une œuvre créée sur place. Roma Napoli de Dix10 avec Speedy Graphito ont consacré une salle à l’actualité pétrolier et ainsi de suite.
C'est avec enthousiasme que Roma Napoli nous sert de guide dans cette exposition et resitue, notamment chronologiquement, les oeuvres exposées, telles les figures de CRS de Dominique Larrivaz qui accueillent le visiteur à l'entrée et qui avaient été accrochés sur les arbres du Bois de Boulogne.
Voici la pièce dont nous parlait Bob Jeudy où Dix10 cohabite avec Speedy Graphito.
Roma Napoli : Oui la grande toile de Speedy Graphito collait bien avec notre "Opération Pétrole" et permettait de faire cette installation.
La particularité de Dix10 c’est donc de vendre la toile au prix du produit représenté en l’occurrence la toile représente un baril de pétrole. Baril dont le prix a dépassé les 100 € et chaque jour nous affichons le cours qui sert de référence pour le prix de la toile. Aujourd’hui, il est à 114, 07 €.
Plus loin, nous avons installé quelques toiles de notre série "Epreuve d'artiste" qui a donné lieu à une exposition en 1999 et au sous sol une grande pièce nous permet d'exposer, avec des sculptures de Jean Faucheur, une grande toile, "Résistance des fous", que nous avions réalisé pour l'Institut Pasteur à l'occasion du cent cinquantenaire de la naissance de Louis Pasteur.
Rencontre ensuite avec Claude Como qui expose des toiles appartenant à plusieurs séries dont elle nous présente les thématiques.
Claude Como : Dans une salle je présente des toiles d'une série "Le triomphe d’Ode" où l’animal est pris en compte dans une dimension allégorique tel l’aigle pour son symbolisme du pouvoir. Ode triomphe sur le pouvoir comme si l'amour triomphait du pouvoir. Il s’agit d’un travail de synthèse où j’additionne des éléments entre eux.
Le papillon renvoie à la chrysalide, à la métamorphose et à la beauté avec une identification du personnage, la grenouille rappelle les contes avec la princesse et le crapaud.
La femme est toujours le même personnage car souvent ce sont des personnages que j’ai rencontré et avec qui j’ai noué une véritable relation.
S’agit-il d’un modèle ? Car je lui trouve un air de ressemblance entre vous ?
Claude Como : Oui c’est un modèle qui est peintre également. Il y a des liens entre son travail et le mien. Quant à la ressemblance, quand je peins, il y a toujours une forme de projection car les gens que je peins sont aussi des gens qui m’habitent.
Ensuite, vient la série "La comédie humaine" dans laquelle les animaux représentant des membres de ma famille. Ce sont des photos d’animaux qui m’inspirent car elles sont tellement personnifiées avec une caractéristique qui me ressemble et il y a une projection idéale. Ces portraits s’appellent "Oncle Bernard" ou "Les neveux", c’est ma famille.
Il y a une autre série intitulée "Les trophées de la peinture" dans lequel l’animal provient de toiles de l’histoire de l’art.
Je me positionne en diane chasseresse et je vais au Louvre où je capture des éléments de toiles célèbres qui sont mes coups cœur dans l’histoire de l’art que je vais intégrer à ma manière dans mes toiles.
Et puis il y a ces deux toiles "Suzanne et les vieillards" qui sont une revisitation entre l’histoire de l’art et la comédie humaine.
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