Avec
une programmation alliant qualité et éclectisme, Solidays
est en passe de devenir, pour sa cinquième édition, le premier
week-end de juillet, un rendez-vous capable de rivaliser avec les Eurockéennes
de Belfort ... en plus people toutefois.
Triste illustration immédiate avec Superbus, sous-No
Doubt français mené par la fille de Chantal Lauby,
alternant entre grosses guitares et rythmes ska pour le plus grand plaisir des
teenagers pogoteurs fous, grands mélomanes devant l'éternel. Pour
les autres, ce fut un moment pénible à passer, le groupe jouant
une douzaine de fois le même mauvais titre...
Passage ensuite par la fin du show de Nada Surf marquée
par leur reprise de "L'Aventurier" d'Indochine et
de leur tubuesque "Popular" : simple et efficace.
C'est ensuite au Dôme que l'on découvre les Wriggles,
tous de rouge vêtus pour un set tenant plus du spectacle de rue que d'un
concert à proprement parler. Quarante cinq trop courtes minutes quasiment
a cappella (avec une pincée de guitare toutefois) rappelant souvent des
Frères Jacques, avec des paroles teintées d'humour caustique
pour s'achever en apothéose par le titre "N'importe Nawak"
présent sur la BO du "Nouveau Jean-Claude" avec Mathieu
Demy.
The Roots, quant à eux, ont démontré,
que leur jazz-rap était tout aussi efficace sur scène que sur
disque, un exemple à suivre pour bon nombre de formations de rap.
Premier grand moment de la soirée et excellente surprise avec Jean-Louis
Aubert, toujours assisté du fidèle Richard Kolinka
à la batterie, pour une grosse heure d'une prestation quasi-parfaite.
Transcendé devant un public de tous âges, l'homme connaît
son métier et sort un parfait show de festival revisitant son dernier
album, ses anciens succès solo ("Les Plages", "Temps
à Nouveau") et surtout quelques pépites de Téléphone
: "Au Coeur De La Nuit", "Le Jour S'est Levé",
"Argent Trop Cher", "New-York Avec Toi",
"Un Autre Monde" et "Ca C'est Vraiment Toi"
en rappel.
Ce n'est qu'après avoir traversé le site de bout en bout que
le petit Dôme, lequel déborde de tous les côtés, arrive
enfin en vue. A l'intérieur, les Wampas ont déjà
transformé la scène en piste de cirque : les néophytes
se remplissant les yeux d'un pareil spectacle dont ils ne soupçonnaient
pas l'existence quelques minutes auparavant, les fans se contentant d'hurler
entre chaque titre des louanges au maître : "Didier - Wampas - est
- le - roi !".
Une prestation en festival est idéale pour voir ce groupe, Didier
Wampas donnant tout, jusqu'à l'épuisement, suant comme
un boeuf pendant 70 minutes sur les meilleurs extraits de la consistante discographie
du groupe, truffée d'hymnes aux paroles reprises en choeur par l'assistance
: "Les Bottes Rouges", qui voit Didier chanter debout sur
sa chaise depuis le milieu de la foule, "J'ai Avalé Une Mouche",
"Manu Chao" dans une époustouflante version, "Comme
Un Punk En Hiver", "Ce Soir C'est Noël" et
inévitablement un "Kiss" de circonstance avant une
surprenante relecture de "Où Sont Les Femmes ?" de
Patrick Juvet.
Les Wampas divisent inévitablement mais force est de reconnaître
que l'énergie déployée et dégagée par le
groupe est assez phénoménale.
Il va de soit qu'après ça, la prestation très professionnelle,
très propre sur elle d'Indochine et son grand show gothique
limite grandiloquent et déplacé laissera un goût d'ennui
que ne dissiperont pas les quelques classiques resservis.
La journée du dimanche débute fort avec La Rue Kétanou
qui accède enfin, via son deuxième album, à cette reconnaissance
qui leur tendait les bras voilà quelques années. Le groupe n'a
rien perdu de sa gouaille caractéristique, sorte de melting-pot de toutes
les influences de la chanson française : "Les Mots",
"La Fiancé De l'Eau", "Mohammed"
...
Passage éclair devant le set d'Astonvilla qui déroule
à vide ses titres dans des versions n'apportant rien par rapport au studio,
dommage ...
Arrive ensuite sur la grande scène, un des tous meilleurs, si ce n'est
le meilleur, combo scénique français : Dionysos.
Il va sans dire qu'après un an et demi de tournée suite à
l'album "Western Sous La Neige", le show du groupe de Valence
est plus que bien rôdé. Le set débute classiquement par
une version "I Love You", qui voit le Mikybyky
se déchaîner à la guitare, suivi par les autres membres.
Les classiques du dernier album peuvent dans la foulée sur l'hippodrome
de Longchamp : "Longboard Blues", "Song For Jedi",
"Mc Enroe's Poetry", "Anorak" ... Tout
comme à l'Olympia, quelques mois plus tôt, le groupe retape sa
reprise du "Thank You Satan" de Léo Ferré
ainsi que la version mi-acoustique, mi-électrique de "Don Diego
2000", peut-être leur plus belle chanson.
Visuellement, les musiciens sont incroyables, sautillant à tout bout
de champ, mais la palme revient sans conteste à Mathias
(dont le jeu de scène n'est pas sans rappeler celui d'un certain Didier
W.), qui conclura cette prestation, après plusieurs sauts dans la foule,
par un slam aller-retour entre la scène et la tour de régie lors
d'une version kamikaze et quasi-méconnaissable de "Coccinelle".
Comme d'habitude, un show époustouflant, malheureusement suivi d'une
frustrante interview avant que la soirée ne s'achève paisiblement
devant Laurent Voulzy pour une imparable version de près
de vingt minutes de son classique "Rockollection". |